Retraites complémentaires sous les feux du Medef

Depuis sa mise en place en 1945, notre système de retraite solidaire par répartition, financé par les richesses créées par le travail, a fait l’objet d’une opposition farouche de la part du patronat.
Ainsi, les réformes successives des retraites du régime général, de 1993, 2003 et 2010, qui ont entériné à chaque fois, allongement de la durée de cotisations et baisse des pensions, n’ont fait que répondre aux vieilles revendications du patronat de se désengager du financement de notre système de retraite pour le transférer sur l’assurantiel individuel privé, du type des fonds de pension à l’américaine.
C’est toujours dans cette même logique que le Medef, qui confond négociations et chantage, mène les discussions sur les régimes de retraites complémentaires, avec la bénédiction du gouvernement.
Pour rappel, les retraites du régime général sont abondées par des retraites complémentaires, ARRCO* et AGIRC*.
Pour les non-cadres, la retraite ARRCO représente 30 à 40% de la pension globale. Pour les cadres, la retraite AGIRC représente 60 à 70% de la retraite globale.
Toujours au même prétexte fallacieux de manque de financement, le Medef tente d’imposer de nouvelles baisses de pensions et de nouveaux reports de leur versement, en prenant en otage le maintien de l’Association de Gestion des Fonds de Financement. L’AGFF, créée en 1983, permet le versement des retraites complémentaires entre 60 ans, âge de départ du régime général, et 65 ans, âge de liquidation des régimes complémentaires, depuis la loi de 1982, instituant la possibilité de départ à 60 ans au lieu de 65 ans.
Près de 22 millions de salariés actifs et près de 13,5 millions de retraités actuels sont concernés.

Parmi ces mesures, le Medef prétend imposer :

  • La mise en place d’abattements (entre 20 et 40%) pour toute retraite prise avant 67 ans. Autant dire que le départ en retraite à 62 ans (60 ans pour les carrières longues) serait sérieusement compromis.
  • La reconduction, pendant 3 ans, du gel des points et une sous indexation de leurs valeurs par rapport à la hausse des prix, ce qui entraînerait une nouvelle baisse du pouvoir d’achat des retraités d’aujourd’hui et de ceux à venir.
  • La baisse de la pension de reversion qui passerait de 60 à 55%.
  • Le recul de l’âge de reversion qui passerait de 55 à 60 ans, avec une prise en compte de la durée de mariage.

Le Medef veut faire reculer progressivement l’âge d’ouverture des droits à la retraite complémentaire à 64 ans (60 ans actuellement) et l’âge d’annulation de la décote à 69 ans (65 ans actuellement).
Enfin, le Medef persiste dans la volonté de fusionner en un seul régime l’ARRCO et l’AGIRC, ce qui ne règlerait en rien les besoins de financement.
Alors que le patronat refuse obstinément toute discussion sur une éventuelle hausse de ses cotisations, c’est pourtant sa stratégie de blocage des salaires, de baisse du « coût du travail », de saccage de l’emploi, malgré les milliards d’euros d’aides publiques déversées chaque année, qui met en difficulté notre système de retraite par répartition.

Pour la CGT, maintenir et renforcer notre système de retraite passe par :

  • Une véritable augmentation générale des salaires, retraites et minima sociaux, source de financement de la sécurité sociale solidaire et facteur de développement de l’emploi par la relance de la consommation populaire.
  • Le développement de l’emploi stable et qualifié, à temps plein, notamment par la relocalisation de productions industrielles et le renforcement de services publics de proximité.
  • L’arrêt des exonérations de cotisations sociales.
  • L’augmentation des cotisations patronales de retraites complémentaires, gelées depuis 15 ans.
  • Le maintien des deux caisses ARRCO et AGIRC, en y intégrant l’AGFF.

Alors que la mobilisation du 27 mai dernier, à l’appel de la CGT Ile de France, a contraint le Medef à reculer sur ses prétentions, c’est par l’élargissement et l’amplification de la mobilisation de tous les salariés actifs et retraités que nous imposerons d’autres choix.

* AGIRC : Association Générale des Institutions de Retraite Complémentaire des Cadres.
Créée en 1947, l’AGIRC gère le régime de retraite complémentaire des cadres du secteur privé de l’industrie, du commerce, des services et de l’agriculture. Elle fédère l’ensemble des caisses AGIRC.
* ARRCO : Association des Régimes de Retraites Complémentaires
Créée en 1957, l’Union Nationale des Institutions de Retraite des Salariés (UNRIS) devient l’ARRCO en 1961. L’ARRCO gère le régime de retraite complémentaire de l’ensemble des salariés du secteur privé de l’industrie, du commerce, des services et de l’agriculture (elle peut également être la complémentaire des cadres des services et de l’agriculture).
Ces deux caisses de retraites sont gérées, paritairement, par des représentants des organisations patronales et des organisations syndicales de salariés et font donc l’objet de négociations qui fixent le niveau de couverture de ces caisses.

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