ParcourSup : chronique d’un naufrage annoncé

Depuis le 22 mai, la nouvelle plateforme d’affectation dans l’Enseignement supérieur, ParcourSup, délivre les réponses « oui », « oui si », « en attente », « non » aux vœux des bachelier·ères. Si elle est décrite par le gouvernement comme plus juste, plus transparente et permettant une meilleure orientation, ce n’est visiblement pas le sentiment des lycéen·nes qui ont laissé éclater massivement leur amertume et leur colère.

Les 1ers chiffres sont alarmants : selon le ministère, 50 % des 812 000 inscrit·es n’avaient que des réponses « en attente », 29 000 n’avaient que des réponses négatives (dont certains n’avaient fait qu’un vœu). Pour les 50 % ayant au moins une réponse positive, aucun moyen de savoir si elle correspond au 1er choix du candidat·e ou à un choix de « sécurité » (dont on sait qu’ils ont été nombreux tant les lycéen·nes appréhendaient de n’avoir aucune réponse positive) puisqu’il n’y a plus de hiérarchisation. On voit ainsi les témoignages fleurir « Je vais accepter, j’ai trop peur d’attendre, mais ce n’était pas ce que je voulais faire ! » puisque les candidat·es n’avaient que 7 jours de réflexion pour se décider sur un vœu positif en attendant de voir si les « en attente » se débloquent pour obtenir une formation qui leur convienne mieux. L’administration reporte aussi une grande responsabilité sur les jeunes qui ont été nombreux à être dans l’empathie et à se désister de places certaines « en pensant aux copains sur liste d’attente qui en avaient plus envie [qu’eux] ».

Au 7 juin, 161 000 candidat·es sont toujours « en attente » et 37 000 ont quitté la plateforme. Pour rappel, à la suite du 1er tour d’affectation le 9 juin 2017 d’APB (qui certes n’était pas parfaite et demandait à être revue), 76,5 % des candidat·es avaient une réponse favorable et pour 61,4 % cette réponse était leur 1er vœu.

Dans la Région Centre Val de Loire, c’étaient presque 22 000 lycéen·nes et plus de 3 000 étudiant·es en réorientation qui étaient inscrits. Si la recteure d’académie espère que 80 % auront au moins une réponse au moment du bac le 7 juillet, quid des 20 % restants ? Et bien ils pourront saisir une commission qui les aidera jusqu’au 21 septembre à s’orienter dans des filières où il reste des places. En gros, les élèves seront dans l’insécurité et l’angoisse sur leur devenir bien après la rentrée et ne poursuivront pas dans une orientation choisie ! Bel exemple de réussite de ce nouvel outil !

Le gouvernement aura ainsi démontré sa volonté à toute une génération : l’accès aux études supérieures au choix de l’étudiant·e n’est plus un droit. Le nouveau système visant à ce que les établissements choisissent les étudiant·es (et non l’inverse), la concurrence entre établissements devrait s’exacerber et la discrimination sociale et territoriale encore se développer.

Pour la CGT, l’accès aux études supérieures de son choix est un droit et pose fondamentalement la question des moyens des services publics.

 

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