Bruxelles : la mise en bière du social !

La question de l’Union Européenne et plus précisément de « l’intégration Européenne » se situe aujourd’hui plus que jamais au cœur des enjeux notamment de la société française. Mais force est de constater qu’en dehors des grandes incantations politiques de tous bords, le débat reste confisqué par une idéologie dominante qui rejette voire stigmatise avec ferveur toutes celles et ceux qui osent s’aventurer dans une analyse critique ou, pire encore, sur un constat pourtant évident qui n’œuvre pas dans le sens de cette intégration vendue comme salvatrice et inéluctable.

Historique de l’Union Européenne

Née de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier des années 50, cette union européenne a toujours promu le libre échange, et au fil de ses différents traités, la libre circulation des biens et des marchandises dans la seule logique de répondre à la stratégie capitaliste des grands groupes industriels et financiers. Elle apparait aujourd’hui, dans l’esprit des populations, comme un véritable carcan qui dirige à coup de directives tout ce qui structure l’activité des pays et la vie même de leurs habitants.
Ce qui a fait dire à François Hollande à propos de l’état d’esprit populaire sur l’intégration européenne : « ce qui nous menace aujourd’hui n’est plus la défiance des marchés, c’est celle des peuples ».
Mais cet état de fait n’est pas nouveau car sur le plan de la démocratie l’exemplarité n’est pas de mise : en France le « NON » populaire majoritaire au Traité constitutionnel du 29 mai 2005 a été littéralement bafoué par un vote des parlementaires sous l’injonction de Sarkozy le 4 février 2008.
En 1992 au Danemark, en 2001 comme en 2008 en Irlande, les peuples qui ont osé émettre un avis défavorable par référendum, ont été priés de revoir leur copie jusqu’à apporter la bonne réponse aux promoteurs de cette Europe capitaliste.
Autant dire qu’il s’agit bien d’une intégration à marche forcée considérant, d’un coté les inconditionnels de l’Europe qui détiennent la vérité absolue et, de l’autre, la « populace imbécile » qui ne comprend rien !

L’impact de l’UE sur les populations

Pourtant ce que vivent dans la réalité du quotidien les salariés, retraités et privés d’emploi de notre pays relève bien du triste bilan de cette Union Européenne et des directives imposées par sa commission au nom des sacro-saintes « contraintes européennes » qui ne sont en réalité que des choix politiques à la botte des grands groupes industriels et financiers, du capitalisme.
En tout début d’année 2013, l’office européen des statistiques (Eurostat) a publié les chiffres édifiants de l’évolution du chômage depuis plusieurs décennies dans les 27 pays. Il dévoile que 12% des travailleurs sont privés d’emploi et que la situation est pire parmi les dix- sept de la zone Euro.

La précarisation du travail

Partout la précarité, la flexibilité, la déréglementation du travail deviennent la norme du fait que, depuis 2011, les gouvernements nationaux sont dépossédés de leurs prérogatives sur les politiques sociales dont ils étaient jusqu’alors les seuls responsables. Aujourd’hui différents mécanismes européens imposent aux Etats de rendre des comptes sur leur politique économique et sociale devant Bruxelles.
Tout cela conditionne, au nom du « coût du travail », les politiques salariales, la remise en cause des cotisations sociales, du code du travail pour plus de facilités pour les employeurs de licencier, de délocaliser.
L’Accord National Interprofessionnel (ANI) du mois de janvier dernier est un des volets de cette « norme sociale européenne » qui entend niveler par le bas les droits et garanties des salariés.
Le slogan pompeux de la « concurrence libre et non faussée », un des piliers fondamentaux de l’édifice européen a été lui aussi le détonateur de la mise à mort des « monopoles publics ».
Alors que le « monopole public » est le seul garant de la qualité du service rendu en termes d’égalité d’accès et de réponses aux besoins des populations, la législation communautaire, au nom de la concurrence exacerbée, exige que les entités publiques soient gérées selon la logique du privé en pesant sur les Etats récalcitrants.
Autant de reculs en termes de services publics, d’emploi, de statut de protection sociale, de droits et de garanties collectives.
Ainsi, dans ses dernières recommandations du 29 mai, la Commission européenne demande à la France de « prendre des mesures d’ici à la fin de l’année 2013 pour équilibrer durablement le système de retraite en 2020 au plus tard, par exemple en adaptant les règles d’indexation, en augmentant encore l’âge légal de départ à la retraite et la durée de cotisation pour bénéficier d’une retraite à taux plein et en réexaminant les régimes spéciaux, tout en évitant une augmentation des cotisations sociales patronales » !
Traduction : faire payer les salariés, les retraités mais surtout pas les patrons !
Les grandes promesses se révèlent aujourd’hui pour le moins mensongères, l’Union Européenne devait nous «  rendre plus forts » et la monnaie unique « nous protéger ». Seuls les grands groupes industriels sont plus forts et les intérêts des milieux financiers protégés !
Reste-t-il un espace social dans cette Europe ?