Si la création du collège unique a permis la massification de l’enseignement en France, l’absence de moyens budgétaires et pédagogiques n’a pas permis de passer à la phase de démocratisation. Depuis longtemps, la CGT Educ’Action alerte sur le fait que l’organisation du collège ne permet pas la réussite de l’ensemble des élèves, ne permet pas de rompre avec la reproduction sociale. Le collège demeure un outil de tri social et d’orientation subie pour une partie des élèves en fin de 3e.
La CGT Educ’Action 41 se prononce donc pour une réforme profonde du collège. Mais celle annoncée par la ministre, ancrée dans la politique d’austérité et le manque de moyens que nous avons déjà dénoncés au moment des Dotations Horaires Globales des établissements, entérine un collège à deux vitesses. Pire, accentuant la visée libérale de l’éducation, cette réforme s’appuie sur le socle commun et le renforcement des compétences minimales à acquérir. Cette logique renforce l’aspect inégalitaire du collège, prétendument unique, en se contentant d’un minimum de savoirs utilitaristes pour les élèves les plus fragiles, loin du développement d’une culture commune de haut niveau.
Comme avec les réformes des lycées et de l’enseignement supérieur, la réforme annoncée renforce l’autonomie des établissements. Loin de promouvoir l’autonomie pédagogique des personnels, cette autonomie sera celle des chefs d’établissements. Dans l’état actuel du projet, les horaires hebdomadaires du cycle 4 (5e à 3e), seraient indicatifs. Tout en respectant l’horaire hebdomadaire maximal des élèves, tout de même, le CA pourrait modifier la grille dans la limite de l’enveloppe globale disciplinaire prévue sur 3 ans. Le renforcement de l’Accompagnement Personnalisé (étendu à tous les niveaux) et la mise en place des Enseignements Pratiques Interdisciplinaires, horaires pris sur les enseignements disciplinaires, se feront aussi au bon vouloir du chef d’établissement. En effet, la mise en œuvre pratique, les disciplines concernées, les choix des thèmes pour les EPI seront laissés à l’appréciation de l’établissement. Ainsi 20 % des horaires enseignants seraient distribués par le chef d’établissement sur avis du conseil pédagogique. Les 4000 ETP promis par le ministère pour assurer cette réforme, transformés en heures « marge de professeur » globalisées, ne seront que de 2,75h en 2016 et de 3h en 2017 par division. Leur volume ne suffira donc pas à permettre à la fois une co-intervention dans les EPI et le travail en effectifs réduits en accompagnement personnalisé, en langues, en sciences. Il faudra donc choisir entre dédoublements et projets. Elles permettront surtout d’assurer ou non le maintien de certains postes. Cette autonomie aggravera donc la concurrence entre disciplines, entre collègues, entre établissements. De même, avec la fusion des horaires scientifiques en 6e.
Les moyens budgétaires insuffisants et en totale inadéquation avec les objectifs affichés de la réforme ne permettront pas aux équipes éducatives d’avoir des temps de concertation inclus dans leurs horaires hebdomadaires. Cela promet une nouvelle aggravation des conditions de travail des personnels : augmentation du temps de travail tant pour la mise en place de la réforme avec des réunions à n’en plus finir que pour la préparation future des projets dans les établissements, augmentation de la pression subie par la politique managériale des chefs d’établissement.
En bref, cette réforme faite sans les moyens nécessaires et surtout sans réduction des effectifs d’élèves par classe, ne permettra pas la réussite de toutes et tous, et surtout entrainera une territorialisation de l’éducation nationale dans les collèges, rendant encore plus inégalitaire les apprentissages des savoirs.
Pour une véritable réforme du collège qui promeuve la réussite de toutes et tous et l’amélioration des conditions de travail des personnels, la CGT Educ’Action revendique :
– Un nombre maximal de 20 élèves par classe et 15 en éducation prioritaire,
– Des personnels en nombre suffisant pour couvrir l’ensemble des besoins,
– Des moyens pour travailler en groupes à effectifs réduits avec un cadrage national,
– Un temps de concertation (par classe, niveau, discipline, projet) inclus dans le temps de service abaissé à 16h pour les certifiés et 14h pour les agrégés,
– Des Dotations Horaires Globales qui soient enfin à la hauteur des besoins pour couvrir l’ensemble des enseignements et des projets, sans recours aux heures supplémentaires.
Le collège ne doit donc plus organiser le tri social mais entrer dans une phase de démocratisation. Pour cela, La CGT Educ’Action 41 exige le retrait du projet de réforme et une véritable politique éducative qui permette la réussite et l’émancipation de l’ensemble des élèves.