Le 14 juillet à Nice, l’horreur et la barbarie ont de nouveau frappé, faisant 86 morts, dont 10 enfants, et plus de 200 blessés.
La CGT qui témoigne tout son soutien et sa solidarité à l’ensemble des familles touchées par cet attentat, tient également à réaffirmer la nécessité d’agir pour défendre les valeurs essentielles de notre démocratie et de notre République, mises à mal par des discours sécuritaires, xénophobes, visant à stigmatiser une partie de la population et opposer les salariés, les citoyens entre eux.
Dès le lendemain, de nombreux politiques ont multiplié les déclarations jouant dans la surenchère et sur le terrain du Front National, mettant en cause les mesures nationales de sécurité, en en réclamant davantage, alors que l’état d’urgence, mis en place depuis les attentats de novembre 2015 n’aura pas empêché le carnage, tout comme il n’aura pas empêché l’assassinat du curé de St Etienne du Rouvray, moins de deux semaines plus tard.
De nombreux politiques, emboitant le pas de l’extrême droite, ont multiplié les déclarations nauséabondes pour cibler, stigmatiser les citoyens français issus de l’immigration et ceux qui ont la double nationalité, en prolongeant tout l’été la polémique autour du «burkini ».
Quant au gouvernement, poursuivant sa stratégie d’entretien d’un climat de psychose pour faire passer au second plan dans l’opinion publique sa politique antisociale et ses conséquences pour les salariés, il a décidé de prolonger et de durcir l’état d’urgence pour 6 mois.
Afin de tenter d’annihiler toute velléité de rassemblement, de contestation et de mobilisation des salariés contre sa politique menée au service exclusif du patronat, le gouvernement préfère entretenir un climat de peur, de tension et d’opposition des salariés, de la population. Il accélère sa dérive liberticide et antidémocratique, illustrée par l’adoption arbitraire par le recours au 49-3 de la loi travail et les basses manœuvres pour criminaliser l’action syndicale plutôt que de regarder avec lucidité les conséquences de sa politique, qui constitue le terreau du développement du terrorisme, et faire des choix qui permettent véritablement de le faire reculer.
Alors que tout le monde sait pertinemment que Daech et le terrorisme se nourrissent de la déstabilisation guerrière du Moyen-Orient, la lutte contre le terrorisme pose clairement la question de la politique étrangère de la France, de son engagement guerrier dans l’OTAN, chien de guerre au service de l’impérialisme américain, qui produit de véritables tragédies pour les peuples, nourrit des ravages monstrueux et qui, en fait, alimente la propagande immonde de ces fous de dieu.
Depuis 15 ans, les guerres contre le terrorisme n’ont rien réglé. Toutes les interventions militaires menées depuis le 11 septembre 2001 n’ont pas atteint l’objectif de mettre un terme à la violence terroriste. Au contraire, elles n’ont fait que déstabiliser le Proche-Orient, plongeant ces pays dans le chaos et au bord des guerres civiles sur fond d’affrontement de confessions religieuses.
L’échec est là, malgré les différentes coalitions internationales.
Ce sont bien ces logiques d’interventions militaires depuis 2001 en Afghanistan poursuivies en Irak et étendues en Lybie et en Syrie qui nous reviennent en plein visage et déstabilisent le monde.
Dans le même temps, pendant que l’Etat réprime les libertés individuelles en France, au nom de la lutte contre le terrorisme, les ventes d’armes se multiplient à des pays qui entretiennent avec les groupes terroristes des complicités politico-militaires, sur fond d’affaires juteuses, d’alliances sulfureuses comme le Qatar, l’Arabie Saoudite ou la Turquie, grands clients des industriels français d’armement et pour lesquels le ministre de la défense est le meilleur commercial.
Mais au-delà de la politique étrangère de la France, ce sont également les conséquences de la violence sociale portée par les politiques d’austérité menées depuis des années et qui écarte une partie de la jeunesse des conditions de vie normales dans une société émancipée.
Lorsque plus de 50% des jeunes sont au chômage ou dans la précarité, qu’ils se sentent exclus, rejetés, sans espoir, sans perspective, que de nombreux politiques travaillent à les stigmatiser, à l’exemple de l’ex-Président de la République, qui voulait « nettoyer au Karcher » un quartier populaire, que l’Etat et les collectivités territoriales se sont désengagées des services publics de proximité et des associations qui constituaient des lieux de lien social, certains de ces jeunes désœuvrés constituent une proie facile pour les enrôleurs de Daech.
S’attaquer aux racines du terrorisme nécessite de mener une autre politique en France comme au plan international, fondée sur le progrès et la justice sociale qui permettent de faire reculer les guerres, le terrorisme, le racisme, l’obscurantisme et la régression.
En tous cas, ce n’est pas la restriction des libertés publiques, individuelles et collectives dans un état d’urgence de longue durée qui permettra de garantir la sécurité des citoyens.