Le 31 août dernier, l’assemblée de rentrée des organisations de la CGT en Loir-et-Cher a réuni près de 120 militants représentant une cinquante de syndicats d’entreprises du département.
Durant cette journée, le débat a porté essentiellement sur l’offensive coordonnée du gouvernement et du patronat pour démanteler les droits et garanties des travailleurs à travers les ordonnances Macron et les autres mesures dites de modernisation de la société, mais qui sont en réalité de véritables régressions sociales et amorcent un nouveau tournant libéral sans précédent qui va, plus encore, plonger le monde du travail dans la précarité et la pauvreté.
Sans connaitre le détail des mesures, les ordonnances n’ayant pas été communiqué aux organisations syndicales de salariés avant leur présentation ce jour –c’est ce qu’on nomme vulgairement le dialogue social- les militants ont pu débattre sur les grandes lignes des réformes à partir du projet.
Et la charge est violente : inversion de la hiérarchie des normes avec primauté de l’accord d’entreprise sur la loi, les conventions collectives et le contrat de travail, mesures de facilitation des licenciements pour les patrons auxquelles est adossé un plafonnement des indemnités prud’homales, en cas de recours des salariés licenciés.
Priorité est donnée aux contrats précaires avec la possibilité d’étendre la durée et le nombre de CDD par accord d’entreprise, c’est la remise en cause du CDI, comme référence du contrat de travail.
C’est aussi la fusion des instances représentatives du personnel, avec à la clé, la suppression des CHSCT et des incidences sur les conditions de travail, la prévention des risques professionnels. La fusion des IRP vise à éloigner les représentants du personnel des salariés et à terme supprimer la présence syndicale sur les lieux de travail, remettant ainsi en cause les acquis de 1968.
Au-delà de ces exemples constituant le noyau dur des ordonnances, Macron entend s’attaquer à notre modèle de Sécurité Sociale, en supprimant les cotisations sociales salariales (sous prétexte de redonner du pouvoir d’achat aux salariés) en les transférant vers la CSG, pénalisant au passage les retraités qui vont se voir imposés cette contribution injuste.
Il compte également supprimer la taxe d’habitation, enlevant de fait une ressource essentielle pour les collectivités locales. La promesse de compensation à l’euro près en laisse perplexe dans un contexte de poursuite de la réforme territoriale et de nouveaux transferts de compétences aux territoires.
Moins de recettes pour les communes, c’est moins de dépenses pour le social, de subventions pour les associations, de places en crèches, d’investissements dans les équipements municipaux et moins de fonctionnaires, dans la droite ligne des annonces du gouvernement sur la réduction de leur nombre de 120 000.
Les fonctionnaires sont aussi dans le viseur avec la poursuite du gel du point d’indice, la mise en place du jour de carence, les freins aux déroulements de carrière. La diminution du nombre de fonctionnaires, la remise en cause des garanties statutaires, traduisent la volonté de poursuivre le transfert des missions de service public vers le privé.
On va vers l’accès à un service au public où les utilisateurs devront mettre la main à la poche pour en bénéficier.
Avec deux nouvelles réformes de la formation professionnelle et des retraites à venir, la politique du gouvernement vise, non seulement le monde du travail, mais au-delà prépare de profondes mutations sociétales. C’est, sans surprise, un plan d’ensemble au service exclusif des exigences patronales et de la finance, puisque annoncé lors de la campagne présidentielle du candidat Macron.
Ceux qui s’en sortent bien sont les grandes fortunes qui voient l’ISF réduit simplement à l’imposition du patrimoine immobilier et les entreprises qui vont bénéficier de la pérennisation du CICE.
Les participants à la journée de rentrée des militants se sont accordé sur le fait, que face à cette offensive d’ampleur, les salariés, les retraités, les privés d’emploi, la jeunesse doivent construire une riposte à la hauteur des enjeux.
Stopper les velléités de Macron et de son gouvernement nécessite de travailler à la construction d’un rapport de force inscrit dans la durée sur les lieux de travail.
C’est bien par la mise en mouvement de l’ensemble des salariés sur les lieux de travail, le blocage des productions et des services par la grève dans les entreprises, la mise en convergence des luttes revendicatives, que nous mettrons le rapport de force au niveau nécessaire pour imposer d’autres choix au patronat et au gouvernement et gagner de nouvelles conquêtes sociales, comme cela a été possible à d’autres périodes de notre histoire.
Cette journée de débat et de réflexion a permis aux militants et aux syndicats de se projeter dans la préparation de la journée de grève et de manifestation nationale interprofessionnelle du 12 septembre.