Formation professionnelle : du « Big Bang » au néant !

Après la formation initiale, c’est à la formation professionnelle que le gouvernement s’attaque. Pénicaud compte imposer une nouvelle réforme aux salariés et aux privés d’emploi. Imposer car, malgré des centaines d’heures de « négociation » et un projet d’Accord National Interprofessionnel déjà très défavorable au monde du travail (la CGT a voté contre), elle passe outre pour dévoiler la réforme qu’elle envisageait dès la feuille de route proposée initialement.

Confirmation est faite que le « dialogue social » n’existe pas et que les organisations patronales et le gouvernement ne sont pas des partenaires sociaux mais bien des ennemis de classe.

La formation professionnelle est bradée aux branches professionnelles et au secteur marchand en étant totalement libéralisée via la mise en place d’un chèque formation de 500 € par an plafonné sur 10 ans à 5000 € (800 € et 8000 € pour les salariés sans qualification). Ainsi, chacun sera encouragé à consommer de la formation comme un bien de consommation ordinaire… le plus souvent sur ses propres fonds et à crédit car aucune formation ne sera accessible par le seul biais du chèque. Comme pour l’ensemble des réformes en cours, les salariés seront seuls responsables de l’amélioration de leur « employabilité » pour répondre aux besoins des entreprises et n’auront plus la possibilité de se former pour leur propre évolution personnelle.

En effet, outre la monétarisation du Compte Personnel de Formation (CPF) et le fait que les obligations des entreprises de former leurs salariés et de cotiser à cet effet disparaissent progressivement, la réforme met fin au Congé Individuel Formation (CIF). Or ce dispositif était le seul dont disposaient les salariés à leur seule initiative, sans que le consentement de l’employeur ne soit nécessaire.

Il leur permettait :

⇰  soit d’améliorer par la formation leurs compétences qu’ils pouvaient ainsi faire valoriser au sein de leur entreprise ou dans une autre, grâce à la reconnaissance du titre ou du diplôme qu’ils avaient obtenu,

⇰  soit de changer d’orientation professionnelle en acquérant ainsi la qualification pour exercer un autre métier.

De plus, le CIF permettait aux salariés aussi de revenir après leur formation au sein des entreprises sans perte de salaire ou d’avantages liés à leur emploi. Sa disparition remet en cause la possibilité de pouvoir bénéficier de formations sur de longues durées qui ne rapportent pas directement aux entreprises ! Car c’est bien là que veut nous emmener le patronat, en rendant la formation immédiatement rentable et à moindre frais pour lui ; en rendant « responsable » et donc coupable les salariés qui ne se seront pas eux-mêmes formés pour rester compétitifs !

Pire, pour imposer son idée d’une main d’œuvre corvéable à merci (ce qui va de pair avec la loi Travail XXL), il interviendra de manière accrue dans le contenu des formations professionnelles, abandonnant les titres et les diplômes qui font référence aux classifications et rémunérations des conventions collectives, en privilégiant des blocs de compétences, privant ainsi la personne formée de tout repère collectif. À terme, c’est la fin de toute référence à un salaire minimum !

D’autant qu’en parallèle, se profile une réforme de l’apprentissage qui ne sera plus piloté par les Régions mais par les branches professionnelles, qui là encore interviendront sur l’élaboration des contenus, les ouvertures et les fermetures des formations. Et comme les Centre de Formation des Apprentis (CFA) seront rémunérés au contrat et que les Régions perdront 51 % de la taxe d’apprentissage, les inégalités territoriales s’amplifieront et on verra fleurir les formations locales pour répondre aux besoins immédiats du patronat… local ! Avec en plus, la baisse des droits des apprentis (poursuite du contrat jusqu’à 30 ans, allongement du temps de travail jusqu’à 40h dans certains secteurs, suppression du passage devant les prud’hommes pour la rupture du contrat, dérèglementation en matière de santé et de sécurité au travail).

Bref, ce ne sont ni les besoins des jeunes et des salariés, ni ceux de l’économie nationale en termes d’élévation des niveaux de qualification qui sont mis en avant.

Pour la CGT, au contraire, une réforme n’a de sens que si elle est construite pour obtenir des droits nouveaux et financés, pour offrir à tous et toutes des possibilités d’accès à :

⇰  des formations relativement courtes, répondant à l’obligation de l’employeur d’adaptation au poste et de maintien dans l’emploi,

⇰  des formations de durée moyenne, permettant le développement des compétences professionnelles et l’accès à une qualification,

⇰  des formations longues permettant une évolution professionnelle significative ou une reconversion professionnelle, à l’initiative exclusive des salariés, dans le cadre d’un congé garantissant la prise en charge du coût de la formation et le maintien de la rémunération.

 

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