L’une des préoccupations majeure des assurés sociaux porte aujourd’hui sur les difficultés d’accès aux soins et la part du budget de plus en plus importante consacrée au financement de la santé, due à l’augmentation du reste à charge. En 2017, un Français sur quatre déclare avoir déjà renoncé à des soins dans l’année.
Cette situation s’aggrave avec la paupérisation (précarisation) d’une grande partie des salariés et privés d’emploi, des jeunes, des retraités à l’heure où gouvernement et patronat poursuivent main dans la main, en accélérant la cadence, les réformes sociétales.
Celles-ci ont pour objectif de mettre fin aux services publics, notamment de santé, en précipitant la casse de l’hôpital public et en transférant progressivement le financement de la Sécurité Sociale par les cotisations issues du salaire, vers l’impôt et l’augmentation de la part des complémentaires santé, livrées depuis des années aux secteurs assurantiel et mutualiste.
Spéculer sur la santé et la protection sociale – les entreprises ont versé 1000 milliards d’euros de dividendes aux actionnaires en 2017 (les échos du 19/02/2018) – la sureté des patients, remettre en cause le principe même de la Sécurité Sociale, de la gratuité des soins pour tous dans notre pays, au bénéfice de la montée en puissance d’un système d’assurance individuelle privée pour enrichir une minorité, est insoutenable. Il est urgent de mener la bataille contre ce système qui creuse les inégalités et engendre de graves répercussions pour les salariés du secteur et l’ensemble de la population.
Le plan régional de santé (PRS2) élaboré par l’Agence Régionale de Santé (ARS) s’inscrit pleinement dans la logique comptable de réduction des dépenses publiques de santé, répond aux exigences de rentabilité de mise en concurrence des personnels, des établissements entre eux instaurées par le financement par la tarification à l’activité (T2A).
Il produit une dégradation des facteurs humains de la prise en charge des patients et des usagers et aussi une intensification du travail des salariés du secteur qui, en sous-effectif permanent, sont rappelés sur leurs repos, se voient supprimer leurs congés, sans aucune contrepartie. Ces dysfonctionnements entérinent la remise en cause de leurs garanties collectives ou statutaires.
Les conséquences sur la santé des salariés sont catastrophiques. Les chiffres de l’accidentologie et du nombre d’arrêts maladies dans le secteur de la santé, du social et du médico-social ont désormais dépassé ceux du bâtiment.
Dans ce contexte où l’opinion publique soutient largement les actions menées dans un grand nombre d’établissements à travers la France, les mobilisations se développent et s’étendent en Loir-et-Cher. Le 30 janvier 2018, on a compté 40% de grévistes dans les EHPAD, qui étaient à nouveau mobilisés les 15 (1600 manifestants à Blois avec les retraités) et 22 mars avec les agents des services publics et les salariés du privé dans le cadre de la journée de grève interprofessionnelle.
Les médecins du Centre Hospitalier de Blois sont en grève depuis fin janvier pour s’opposer à l’instauration, par la direction, d’astreintes en lieu et place des gardes médicales. Le syndicat CGT des hospitaliers de Blois mène avec les agents la lutte contre la fermeture annoncée de 80 lits, dont 11 lits et 14 postes à la maternité. Le 16 mars, 200 personnes étaient rassemblées devant l’Hôpital Simone Veil, pour s’opposer à ce projet et porter d’autres choix. Ces actions en appellent d’autres car la situation est identique dans la plupart des établissements et services.
Parce que la santé est un bien précieux pour toutes et tous et non une marchandise, l’hôpital public doit demeurer un lieu de soins accessible à tous, un lieu de recherche et d’excellence de transmission du savoir (CHU), qui s’oppose à toute notion de profit et de rentabilité. Sa vocation sanitaire et sociale constitue un investissement avec l’objectif permanent de soigner, de guérir et de prendre en charge toutes les pathologies. La perte d’autonomie, le handicap, la naissance et la mort ne doivent être en aucun cas la cible des spéculateurs.
Dans un esprit de conquête sociale, la CGT appelle à poursuivre et à élargir les mobilisations des salariés et des usagers avec l’objectif de faire aboutir les revendications d’amélioration de l’offre de soins, pour la réponse aux besoins des populations, dans le cadre d’un service public de santé et d’un système de protection sociale financé par le salaire socialisé (cotisations sociales et patronales). Le service de santé publique et la sécurité sociale sont notre héritage et notre bien commun. Préservons-les et faisons en sorte de les faire grandir pour les transmettre aux générations futures !