Les technicien·nes GRDF, qui s’occupent de la distribution de gaz naturel chez les particulier·es et les entreprises, se sont réunis pour faire remonter toutes leurs problématiques tant au niveau salarial que pour le manque de personnel pour assurer les tours d’astreinte. A la fin de cette réunion, ils et elles ont décidé de se mettre en grève reconductible le mardi 17 novembre. Ils·elles se sont mis devant leur site à la Chaussée St Victor assurant le strict minimum comme les dépannages et urgences Gaz. Leurs revendications étaient :
- l’embauche de 2 gazier·es supplémentaires sur l’agence du 41 (sur Blois et Vendôme) afin de remplacer les personnes manquantes dans les tours d’astreintes ;
- revoir à la hausse les salaires de 200 euros ;
- revaloriser les postes car plus ça va et plus les chef·fes ouvrier·es ont des responsabilités payées au ras des pâquerettes.
La CGT est venu en renfort pour assurer l’intendance et aider à remonter les revendications au niveau de la direction régionale. Le directeur délégataire est descendu d’Orléans pour essayer de casser le mouvement en essayant de rencontrer les agent·es un·e par un·e.
Ils·elles ont maintenu le piquet de grève jusqu’au jeudi 26 novembre, jour où toutes les Organisations syndicales dans l’énergie appelaient les salarié·es à débrayer contre le projet Hercule pour EDF. Ce même projet, nommé Clamadieu, se met en place chez ENGIE (anciennement GDF). Une restructuration totale de toute la filière énergétique en France. Rarement les syndicats d’EDF avaient été aussi remontés. De la CGT à la CFDT en passant par FO et la CFE-CGC, tous tirent à boulets rouges sur le projet Hercule, avantageusement présenté par le gouvernement comme une « nouvelle régulation économique du nucléaire », mais qui risque fort d’éparpiller l’opérateur historique à la façon d’un puzzle. Le 30 novembre, ils ont demandé à être reçus en urgence par le 1er ministre pour remettre le sujet sur la table, faute de quoi ils appelleront à une nouvelle journée de grève, le 10 décembre. Les parlementaires sont interpellés sur les risques pesant sur l’avenir des opérateurs historiques, EDF et Engie. Au-delà de leurs aspects techniques, ces dossiers recouvrent des enjeux décisifs, tant pour les consommateur·trices que pour les salarié·es.
Un pôle « bleu » public, un autre « vert », ouvert aux investisseur·ses et capitaux privés
Le projet Hercule vise à éclater EDF en plusieurs entités. Dans sa 1ere mouture, l’opérateur serait scindé en deux parties étanches : EDF « Bleu », à 100 % public, qui réunirait le nucléaire et le thermique (centrales au gaz, charbon…) ; EDF « Vert », qui rassemblerait pour l’essentiel Enedis (distribution d’électricité) et les énergies renouvelables. Ce second pôle serait ouvert au privé, à hauteur de 35 % pour le moment. Pour le dire autrement, cela revient à garder dans le giron public ce qui « coûte » très cher (le nucléaire implique des investissements colossaux, qui rebutent le secteur privé) et à laisser au marché ce qui rapporte gros. En effet, selon les comptes d’EDF pour 2019, le pôle Vert ne « pèserait » pas moins de 6,5 milliards d’euros d’excédent brut d’exploitation. Un joli pactole pour les futurs entrant·es au capital, concurrent·es d’EDF ou fonds d’investissement en quête de rentabilité financière. La production d’électricité hydraulique serait dans un 3e pôle afin de mieux brader les barrages aux plus offrant·es.
Hercule et Clamadieu représentent bel et bien la fin d’un modèle intégré qui permet aujourd’hui à la France et à ses consommateur·trices de bénéficier d’une production d’électricité compétitive et « bas carbone » qui assure un prix de l’électricité parmi les plus bas d’Europe. Les conséquences seront multiples et aucun métier ne sera épargné. Les consommateur·trices risquent de voir leurs factures augmenter.
Pour la CGT, le secteur de l’énergie doit rester dans le giron des entreprises publiques et ne pas servir le profit des actionnaires.