L’extrême-droite connaît une audience inédite qui est le résultat évident de plusieurs décennies de politiques antisociales et réactionnaires entrainant désespoir et colère dans la population. Mais, tout en adoptant faussement ses codes, il est important de rappeler qu’elle ne soutient toujours pas la classe des travailleurs et travailleuses.
Avec l’arrivée de Marine le Pen à la tête du FN (devenu RN) la stratégie du parti a évolué vers l’idée de tout mettre en œuvre afin de conquérir le pouvoir par les élections. La stratégie de « dédiabolisation » s’est mise en place et force est de constater que 10 ans après elle a porté ses fruits. En alliant thématiques pseudo-sociales, image de respectabilité et thématiques classiquement racistes (volonté de mettre en œuvre la préférence nationale, d’expulser les étranger·es, etc.), le RN a réussi à imposer une partie de son discours dans la société, certains médias et dans d’autres organisations politiques non classées à l’extrême droite.
Il est essentiel de comprendre et de porter partout sur nos lieux de travail et de vie que l’extrême droite est l’ennemie des travailleurs et des travailleuses. Si un temps Marine Le Pen a su donner le change, le vernis social craque.
Elle promet une hausse des salaires… qui passera par l’exonération de cotisations patronales : « C’est cette somme que je souhaite faire économiser aux entreprises, en contrepartie de l’augmentation du pouvoir d’achat de tous leurs salariés ». Ce qui revient à détruire le salaire socialisé et la Sécurité sociale qui en découle (retraites, assurance chômage, protection sociale, famille). Son programme ne revendique absolument pas l’augmentation du SMIC, ni le dégel du point d’indice de la Fonction publique. « Si on peut dégeler le point d’indice des fonctionnaires, on le fera au cours du quinquennat. Pour l’instant, on ne peut pas le faire dès notre arrivée au pouvoir car budgétairement ce n’est pas possible » a précisé le président du Rassemblement national et soutien de Marine Le Pen, Jordan Bardella – France Info, 19/04/22.
Marine Le Pen est aussi revenu sur ses promesses sur la retraite, et réserve la retraite à 60 ans avec 40 annuités aux Français·se entrés dans la vie active avant l’âge de 20 ans. L’acquisition des 40 annuités sera toujours nécessaire pour partir à la retraite et percevoir une pension complète. Pour les actif·ves ayant débuté leur carrière avant leur 25 ans, la retraite sera accessible entre 60 et 62 ans. En revanche, celles et ceux qui ont commencé à travailler à 25 ans ou plus tard devront, comme c’est actuellement le cas, attendre l’âge d’annulation de la décote, soit 67 ans.
L’égalité femmes-hommes, 1ere préoccupation des Français·es, ne fait pas partie de celles des partis d’extrême-droite : ils entérinent l’ordre patriarcal, voire le radicalisent. Le Rassemblement National affiche des positions de dénonciation des discriminations ou agressions subies par les femmes tout en alimentant des politiques sécuritaires et xénophobes. L’extrême droite est contre le droit des femmes à disposer librement de leur corps (IVG), contre l’émancipation économique des femmes et pour leur domestication et pour une structure familiale hétéronormée.
Pour toutes ces raisons et pour une société émancipatrice et porteuse de progrès social, pas une voix pour l’extrême droite !
Blois, le 21 avril 2022