Intervention de l’UD CGT de Loir & Cher à la manifestation du 22 mars à Blois

Cher·es amis·, Chers·es camarades, Si cette journée de grève et de manifestation a été impulsée par un appel unitaire de 7 organisations syndicales des 3 pans de la fonction publique, de nombreuses professions se sont jointes à cet appel, comme … Continuer la lecture

La formation initiale remodelée pour le patronat !

Après la réforme du collège initiée par le précédent gouvernement et celle de l’entrée à l’université avec la mise en place de Parcoursup qui, prenant l’excuse de pallier les tirages au sort dans certaines filières sous tension, généralise la sélection à l’entrée de la Licence, le gouvernement projette de finir d’adapter le système éducatif aux volontés du patronat. Ainsi, deux réformes sont en cours : celle du bac et celle de la voie professionnelle.

Encore sous un prétexte fallacieux, « le bac n’est plus adapté à la société d’aujourd’hui, il est archaïque et trop compliqué, il ne signifie plus rien pour les jeunes et leurs familles », le ministre de l’Éducation veut mettre fin aux séries existantes en créant des modules de spécialisation dans deux disciplines ; modules correspondant aux « attendus » (toujours comprendre les « pré-requis » !) des études supérieures.

Avec 40 % de la note en contrôle continu (évaluation en cours d’année) ainsi que la possibilité pour les lycées de proposer un module spécifique, le Bac se transformera en grande partie en « bac maison » dont la valeur dépendra de la réputation de l’établissement. En fonction de leur origine sociale et territoriale, les jeunes n’auraient pas accès aux mêmes lycées et mécaniquement aux mêmes possibilités de poursuites d’études. Des inégalités territoriales et sociales existent déjà : loin de les résorber, ce qui est la mission de l’Éducation, ce projet de réforme va les amplifier. Pour les épreuves écrites, elles auraient lieu au printemps… afin d’être prises en compte pour les réponses des établissements du supérieur dans Parcoursup. Ainsi, même si la CGT ne se satisfaisait pas du système existant qui créait des différences entre les filières, elle ne peut que dénoncer le fait que les élèves devraient se spécialiser et s’orienter précocement vers des poursuites d’études supérieures qu’ils et elles n’ont pas encore eu le temps de construire, l’Éducation nationale abandonnant l’ambition de donner une solide culture commune et générale à toutes et tous, sanctionnée par le baccalauréat, 1er grade universitaire. Cela concernerait aussi les séries de la voie technologique qui, bien que conservées, verraient leur examen rénové de la même manière.

En parallèle, le ministre Blanquer ouvre maintenant des « consultations » (dont on sait la valeur aux yeux du gouvernement qui ignore allègrement, mais sans surprise pour la CGT, les propositions et revendications portées par les organisations syndicales dès lors qu’elles ne vont pas dans le sens de sa vision de transformation de la société) sur l’enseignement professionnel sous statut scolaire en s’appuyant sur le rapport Calvez-Marcon. Ce dernier, avec celui sur l’apprentissage, complète les réformes interprofessionnelles et pose des pistes d’une dérégulation majeure de la formation initiale professionnelle. Il comprend deux axes principaux d’attaques : le développement de l’apprentissage (présenté comme la solution miracle à l’insertion des jeunes, approche totalement dogmatique quand on sait que dans ce mode de formation un jeune sur 5 ne finit pas sa première année et que les filles n’y représentent que 30 % des effectifs) en concurrence avec le scolaire et la substitution des diplômes par les blocs de compétences.

Le développement de la mixité des parcours et des publics transformerait la formation initiale sous statut scolaire en antichambre de l’apprentissage car les élèves pourraient changer de mode de formation à la fin de la 2nde et de la 1ere… Ce qui limiterait les possibilités de poursuite d’études avec l’obligation d’opter dès la fin de 1ere pour un « module d’accompagnement » vers le BTS.

De plus le rapport préconise la systématisation de l’idée très en vogue des « blocs de compétences », censés donner souplesse et adaptabilité aux parcours, alors qu’elle est avant tout une marque du renoncement de L’État de conduire chaque jeune à l’obtention d’un diplôme national, garant d’un niveau général de formation, avant sa sortie du système éducatif.

Ces processus affaiblissent la dimension émancipatrice au sens large de l’Éducation, la sommant de se professionnaliser pour lutter contre le chômage, alors que la CGT rappelle que ce n’est pas la formation qui crée l’emploi. Comme pour le lycée et l’université, la mise en place de blocs de compétences vise à affaiblir la dimension collective des parcours, des certifications et des qualifications, avec la volonté de casse des cadres nationaux des diplômes, ce qui entraîne l’affaiblissement des conventions collectives et des cadres collectifs de négociation.

La CGT défend un autre projet éducatif pour transformer la société avec la mise en place de parcours adaptés aux besoins des élèves et des spécialités, qui peut notamment passer par la création de classes passerelles vers le BTS. Elle revendique des moyens financiers et humains qui permettent à l’ensemble des jeunes de suivre une scolarité obligatoire jusqu’à 18 ans débouchant sur l’acquisition de diplômes nationaux. Si nous ne voulons pas que notre système éducatif dans son entier soit bradé au Capital, c’est tous ensemble que nous devons nous mobiliser pour le rendre émancipateur pour toutes et tous.

 

Formation professionnelle : du « Big Bang » au néant !

Après la formation initiale, c’est à la formation professionnelle que le gouvernement s’attaque. Pénicaud compte imposer une nouvelle réforme aux salariés et aux privés d’emploi. Imposer car, malgré des centaines d’heures de « négociation » et un projet d’Accord National Interprofessionnel déjà très défavorable au monde du travail (la CGT a voté contre), elle passe outre pour dévoiler la réforme qu’elle envisageait dès la feuille de route proposée initialement.

Confirmation est faite que le « dialogue social » n’existe pas et que les organisations patronales et le gouvernement ne sont pas des partenaires sociaux mais bien des ennemis de classe.

La formation professionnelle est bradée aux branches professionnelles et au secteur marchand en étant totalement libéralisée via la mise en place d’un chèque formation de 500 € par an plafonné sur 10 ans à 5000 € (800 € et 8000 € pour les salariés sans qualification). Ainsi, chacun sera encouragé à consommer de la formation comme un bien de consommation ordinaire… le plus souvent sur ses propres fonds et à crédit car aucune formation ne sera accessible par le seul biais du chèque. Comme pour l’ensemble des réformes en cours, les salariés seront seuls responsables de l’amélioration de leur « employabilité » pour répondre aux besoins des entreprises et n’auront plus la possibilité de se former pour leur propre évolution personnelle.

En effet, outre la monétarisation du Compte Personnel de Formation (CPF) et le fait que les obligations des entreprises de former leurs salariés et de cotiser à cet effet disparaissent progressivement, la réforme met fin au Congé Individuel Formation (CIF). Or ce dispositif était le seul dont disposaient les salariés à leur seule initiative, sans que le consentement de l’employeur ne soit nécessaire.

Il leur permettait :

⇰  soit d’améliorer par la formation leurs compétences qu’ils pouvaient ainsi faire valoriser au sein de leur entreprise ou dans une autre, grâce à la reconnaissance du titre ou du diplôme qu’ils avaient obtenu,

⇰  soit de changer d’orientation professionnelle en acquérant ainsi la qualification pour exercer un autre métier.

De plus, le CIF permettait aux salariés aussi de revenir après leur formation au sein des entreprises sans perte de salaire ou d’avantages liés à leur emploi. Sa disparition remet en cause la possibilité de pouvoir bénéficier de formations sur de longues durées qui ne rapportent pas directement aux entreprises ! Car c’est bien là que veut nous emmener le patronat, en rendant la formation immédiatement rentable et à moindre frais pour lui ; en rendant « responsable » et donc coupable les salariés qui ne se seront pas eux-mêmes formés pour rester compétitifs !

Pire, pour imposer son idée d’une main d’œuvre corvéable à merci (ce qui va de pair avec la loi Travail XXL), il interviendra de manière accrue dans le contenu des formations professionnelles, abandonnant les titres et les diplômes qui font référence aux classifications et rémunérations des conventions collectives, en privilégiant des blocs de compétences, privant ainsi la personne formée de tout repère collectif. À terme, c’est la fin de toute référence à un salaire minimum !

D’autant qu’en parallèle, se profile une réforme de l’apprentissage qui ne sera plus piloté par les Régions mais par les branches professionnelles, qui là encore interviendront sur l’élaboration des contenus, les ouvertures et les fermetures des formations. Et comme les Centre de Formation des Apprentis (CFA) seront rémunérés au contrat et que les Régions perdront 51 % de la taxe d’apprentissage, les inégalités territoriales s’amplifieront et on verra fleurir les formations locales pour répondre aux besoins immédiats du patronat… local ! Avec en plus, la baisse des droits des apprentis (poursuite du contrat jusqu’à 30 ans, allongement du temps de travail jusqu’à 40h dans certains secteurs, suppression du passage devant les prud’hommes pour la rupture du contrat, dérèglementation en matière de santé et de sécurité au travail).

Bref, ce ne sont ni les besoins des jeunes et des salariés, ni ceux de l’économie nationale en termes d’élévation des niveaux de qualification qui sont mis en avant.

Pour la CGT, au contraire, une réforme n’a de sens que si elle est construite pour obtenir des droits nouveaux et financés, pour offrir à tous et toutes des possibilités d’accès à :

⇰  des formations relativement courtes, répondant à l’obligation de l’employeur d’adaptation au poste et de maintien dans l’emploi,

⇰  des formations de durée moyenne, permettant le développement des compétences professionnelles et l’accès à une qualification,

⇰  des formations longues permettant une évolution professionnelle significative ou une reconversion professionnelle, à l’initiative exclusive des salariés, dans le cadre d’un congé garantissant la prise en charge du coût de la formation et le maintien de la rémunération.