Témoignage dans une TPE de l’artisanat
Salariée à temps partiel en CDI dans une entreprise de boucherie/charcuterie, je suis bouchère depuis 10 ans dans cette boîte qui compte 6 salarié·es. Le travail est dur, il commence tôt le matin et peut se terminer tard le soir, pendant certaines périodes. J’ai été embauchée légèrement au-dessus du SMIC et mon salaire a augmenté de 70 € depuis mon embauche. L’entreprise a de plus en plus de client·es, on court partout et on n’a pas toujours les moyens de bien faire notre travail mais il FAUT le faire.
Quand je fais part à l’employeur de la dégradation de nos conditions de travail, on me répond qu’il n’y a pas de syndicat ici, pas de place pour les feignant·es, on n’est pas des fonctionnaires !
Si je veux que mon travail soit mieux payé (11,26 € de l’heure pour 30 heures par semaine, un loyer et deux enfants, une assistante maternelle, une compagne en intérim et une heure de trajet aller/retour en voiture chaque jour : vivre c’est survivre) je n’ai qu’à faire des heures supplémentaires…
Mon patron me dit que dans une entreprise familiale, on doit s’adapter aux contraintes, plannings de travail modifiés au dernier moment, reproches et critiques lorsque je dis non parce que mon assistante maternelle ne peut pas commencer à garder mon enfant plus tôt. Comme dit mon patron, quand on veut l’égalité il faut la mériter ! Parfois j’ai envie de lui dire qu’il n’a qu’à prendre ma place et moi la sienne… mais dans ce cas il me mettra dehors, c’est ça l’égalité au travail !
Alors pendant le confinement, c’est moi qui étais au chômage partiel pas mon collègue…
Si je demande à mon patron un planning qui me permet de moins recourir à la nounou, on me répond que les enfants c’est MON problème pas celui de l’entreprise. Si je ne suis pas assez solide je n’ai qu’à partir, une rupture conventionnelle ? Non tu n’as qu’à démissionner. Un arrêt de travail et je serai une paria qu’on n’hésitera pas à remplacer et à mon retour on me donnera la « merde » à faire parce que mon/ma remplaçant·e travaille sans se plaindre et accepte de faire des heures quand il y a besoin.
En revanche, dans une petite entreprise, pas de chèques cadeaux, pas de colonies de vacances, pas de représentant·e du personnel pour nous défendre, pas de négociation sur les salaires. J’aime mon travail, souvent j’ai envie d’arrêter mais je ne peux pas… il faut survivre.