Le 6 novembre dernier, le Premier Ministre a présenté ses nouvelles mesures au nom du développement industriel et de l’emploi.
Une fois de plus, c’est par de nouvelles aides publiques et des allégements de cotisations sociales que ce nouveau gouvernement affirme d’entrée sa soumission totale aux exigences du Patronat et du Capital. Ce dispositif est en effet essentiellement fondé sur l’idéologie patronale, développée avec le gouvernement précédent et à grand renfort de discours médiatiques, sur le « coût du travail ».
- Le contexte
Le choix du support de ce dispositifest lui-même révélateur. Alors que trois rapports publics ont pointé le manque d’évaluation de l’efficacité des aides publiques dont bénéficient déjà les entreprises (le rapport du Conseil d’Orientation pour l’emploi de février 2006, celui du Conseil Economique Social Environnemental sur la compétitivité de l’économie Française d’octobre 2011 et celui de la Cour des comptes sur le financement de l’économie de juillet 2012) le premier Ministre a fait délibérément le choix de s’appuyer sur les exigences d’un grand Patron, Louis Gallois.
Dans sa déclaration du 6 novembre à Matignon, le premier Ministre va jusqu’à gratifier le rapporteur de « grand industriel et grand serviteur de l’état » et prétendre quelques chapitres plus loin que le « diagnostic est indépendant ».
Louis Gallois, 14ème patron le plus payé de France, après être passé par la SNCF et EADS, préside depuis 2011 « la fabrique de l’industrie » définie comme « un laboratoire d’idées patronal ». Présenté bien souvent comme un patron « atypique », il n’en reste pas moins un bon serviteur de l’idéologie patronale et capitaliste qui œuvre avec acharnement contre les intérêts des salariés.
- Dispositif pour le patronat
Pas étonnant dans ce contexte que ce dispositif concentre une nouvelle fois tous ses efforts sur de nouveaux cadeaux aux entreprises avec une première mesure massive qui consiste à un allégement de 20 milliards d’euros sur ce qu’ils nomment honteusement « le coût du travail ». Ce nouveau cadeau va s’ajouter aux 172 milliards d’aides déjà accordés aux entreprises qui s’évaporent en quasi-totalité dans la sphère boursière, la spéculation, aux dépends de l’investissement productif et de l’emploi, raisons pour lesquelles nous dit-on, elles sont censées être accordées.
Malgré une barre des trois millions de chômeurs franchie et plus de 8 millions de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, on nous rejoue sans cesse le même refrain : celui des aides, des exonérations pour les entreprises alors que l’efficacité de ces politiques menées depuis plusieurs décennies par les gouvernements successifs sous l’impulsion du Medef, n’ont fait qu’aggraver la situation des salariés, privés d’emploi et retraités de notre pays par la remise en cause incessante des droits et des acquis.
Cela est d’autant plus inacceptable, que toutes les entreprises, dans tous les secteurs, indépendamment de leur taille et de leur situation financière vont bénéficier de ces nouvelles aides, y compris celles qui engrangent des profits, qui distribuent un haut niveau de dividendes à leurs actionnaires et qui pour certaines, au comble de la voyoucratie, après avoir accumulé un maximum de profits, capté des fonds publics, délocalisent et jettent des centaines de familles dans la précarité et la misère.
Ces trente dernières années, la masse salariale des entreprises a été multipliée par 3.6 alors que la somme des dividendes versés aux actionnaires a été multipliée par 20.
C’est là, à l’évidence, la première cause de la chute des investissements entrainant la désindustrialisation.
Par ce nouveau dispositif, nombre d’entreprises vont cumuler les exonérations de cotisations sociales actuelles à ce nouveau crédit d’impôt. Les entreprises qui paient leurs salariés entre le SMIC et 1.6 fois le SMIC vont une nouvelle fois augmenter leurs bénéfices alors qu’elles sont déjà très largement bénéficiaires d’exonérations de cotisations sociales.
- Une nouvelle attaque des droits de la population
A contrario, ce sont une nouvelle fois les ménages qui vont être doublement pénalisés par une diminution du pouvoir d’achat à cause de la hausse de la TVA (à raison de 7 milliards d’euros) et de la fiscalité écologique (3 milliards d’euros).
Une baisse annoncée des dépenses publiques ne peut que contribuer à la poursuite de la dégradation des services publics, tant sur la réponse aux besoins des usagers que sur les droits, les statuts et les conditions de travail des personnels. Et ce, alors qu’en pleine contradiction avec son annonce de baisse des dépenses publiques, le premier ministre dans sa déclaration du 6 novembre place les services publics comme un des atouts importants pour notre pays.
Ce dispositif poursuit dans le même temps les attaques contre la sécurité sociale en fermant un peu plus le robinet des cotisations. Cette mesure risque de peser lourdement sur l’emploi, les salaires donc sur la croissance économique et la réponse aux besoins sociaux.
Pour la CGT, l’avenir de l’industrie et de l’emploi dans notre pays passe par un nouveau mode de développement fondé sur une véritable valorisation du travail.
C’est le travail qui est créateur de richesses il n’est donc pas un coût. Il est au contraire un investissement nécessaire au développement économique et social donc à la croissance. Le travail n’est pas la propriété des patrons, il est un bien public, sociétal gravé dans la déclaration des droits de l’homme.
Imposer cet autre choix impose de redonner un sens au travail, d’exiger une autre répartition des richesses crées, de combattre la spéculation, d’exiger un véritable contrôle de l’utilisation des aides publiques qui ne doivent être accordées que sous conditions d’emploi, de droits et de salaire de haut niveau, à la hauteur des besoins.
Elles doivent être uniquement orientées vers des entreprises et des secteurs réellement en difficulté et non vers des grands groupes industriels dont le seul objectif est d’engraisser une poignée d’actionnaires.
Pour la CGT, le dispositif Ayrault est tout le contraire du changement annoncé, il va poursuivre ce déversement scandaleux d’exonérations et d’aides publiques à des entreprises qui dégagent des profits colossaux où les actionnaires sont les rois fainéants alors que la véritable force de travail, le créateur de richesses, le salarié est considéré comme une simple variable d’ajustement, jetable et corvéable à merci