Aujourd’hui, la retraite est du salaire puisqu’elle est financée pour l’essentiel à l’occasion de chaque emploi par des cotisations sociales : les cotisations sont du salaire.
Avec la continuation du salaire, il s’agit de considérer le retraité comme un salarié auquel est attachée une qualification. C’est un être producteur de richesses sociales et économiques dont la pension vient reconnaitre le travail libéré de la subordination à un patron. Un travail efficace et pourtant sans emploi et sans employeur.
Les activités des retraités sont, contrairement à l’image véhiculée d’inactifs qui seraient un coût pour la société, un travail libéré de la contrainte du capital, utile par son caractère familial, social, associatif, politique ou culturel…La qualification acquise du retraité est sollicitée dans ce nouveau temps de travail dont il dispose comme il veut.
Un salaire à vie?
La pension, comme salaire continué des retraités, transforme en travail toutes leurs activités utiles : un retraité, touchant une telle pension, qui joue avec ses petits enfants, travaille.
La solidarité que promeut la retraite comme salaire continué nous renvoie à un statut de retraité salarié. Il s’agit d’une solidarité salariale interprofessionnelle, ciment du lien social, une solidarité entre égaux où la qualification prime. La qualification ne serait plus seulement reconnue durant notre période d’activité professionnelle. Elle perdurerait par le versement d’une pension retraite à la hauteur de notre dernier et meilleur salaire net au regard de la qualification acquise.
Un tel concept exige que la reconnaissance salariale des qualifications soit le principe universel de la grille des salaires.
Le salaire est l’enjeu décisif de la lutte dans notre société capitaliste. La CGT revendique une augmentation générale des salaires de l’ordre de 300 à 400 euros, un salaire basé sur la reconnaissance universelle de la qualification.
La CGT propose d’instaurer une sécurité sociale professionnelle dans le cadre d’un nouveau statut du travail salarié. Quels que soient le poste, l’entreprise, l’établissement, l’administration ou encore la situation dans le travail : maladie, formation, chômage, le versement du salaire serait maintenu au regard de la qualification de la personne et ce dès l’âge de 18 ans.
Ce salaire universel serait la reconnaissance de la qualification donc de la capacité de chacune et chacun à contribuer à la définition de la valeur économique et donc à la production de cette dernière. Il assurerait à tous le principe de « A qualification égale, salaire égal ».
Il en serait fini de la mise en concurrence des salariés par le coût du salaire ; il en serait fini de la discrimination, sexiste ou de par l’appartenance à une grosse entreprise ou à une très petite entreprise, par les salaires.
Sur la base de l’expérience massive et réussie de la sécurité sociale, via les cotisations, les entreprises ne paieraient plus directement les salaires mais cotiseraient à une caisse de recouvrement des salaires. Le versement du salaire aux salariés serait effectué et garanti à vie par cette « caisse salaire ». Ainsi il ne dépendrait plus des capacités et des aléas des entreprises ou de la vie professionnelle des individus.
Au cours de sa carrière, le salarié améliorerait sa qualification par la promotion professionnelle, la formation professionnelle continue, la reconnaissance et la validation des acquis de l’expérience. Cette qualification et ce salaire ne pourraient que progresser en parallèle de la qualification (avec un plafond de 4 fois le salaire de départ pour une progression à l’ancienneté dans un même niveau de qualification).
Si l’âge de majorité est requis pour acquérir une qualification, l’âge de départ à la retraite, garanti à tous à 60 ans voire à 55 ans, permettrait de se consacrer à un travail librement choisi ou au repos, aux loisirs avec une pension retraite acquise au regard de sa qualification sous forme d’un salaire continué.
En revendiquant une retraite à 75% du meilleur salaire brut, soit 100% du salaire net avec une pension minimale égale au SMIC, la CGT ouvre la voie de la conquête de ce salaire continué par les luttes à construire en passant par la journée nationale interprofessionnelle de manifestations et de grève du 10 septembre 2013.