La Ministre du Travail avait ouvert les débats à l’Assemblée nationale, en déclarant « entrer dans ce débat avec la volonté d’écouter, d’argumenter et de convaincre » et de « débattre aussi longtemps qu’il sera nécessaire» dans le respect de la représentation nationale garante de la souveraineté du peuple.
Elle a fait exactement le contraire en soutenant, en pleine discussion sur l’article 1, la procédure du 49.3 !
Au final seul l’article 1 a pu être discuté, et sans même que ce débat puisse être conclu par un vote.
« Une brutalité et un déni de démocratie », c’est par ces mots que François Hollande dénonçait le 49.3. Mais ça c’était avant.
- Avant de servir docilement le MEDEF en choisissant le camp de la violence patronale,
- Avant de mettre au service du capital la loi EL KHOMRI,
- Avant de réprimer la résistance populaire, notamment incarnée par les camarades de GOOD YEAR comme les travailleurs salariés, chômeurs, retraités en lutte, par la violence policière et une justice pénale aux ordres. Dans ce registre, le blocage et le gazage du cortège de militants de la FERC CGT le 12 mai et le contrôle du véhicule des militants sont emblématiques de la violence et de la répression qui s’abat aujourd’hui sur les militant-e-s et les manifestant-e-s.
La loi EL KHOMRI est le retour du droit divin des employeurs par la suppression de tous les droits et protection des salariés.
Elle retire de nouveaux pouvoirs de décision aux inspecteurs du travail, et donc des possibilités de contrôle et des garanties aux salariés. La primauté donnée aux accords d’entreprise va rendre les renseignements, les contrôles et la verbalisation des patrons délinquants encore plus difficiles.
Comble du cynisme, l’article 28 du projet de loi instaure pour les patrons un droit d’obtenir, dans un « délai raisonnable », une information personnalisée en droit du travail à travers des services dédiés, alors que partout les services d’accueil et de renseignement des salarié-e-s sont asphyxiés par le sous-effectif et doivent fermer certains jours… Couper le lien direct avec les salarié-e-s et leurs représentant-e-s, voilà ce que veut la ministre du travail !
La place de l’Etat dans l’élaboration de la réglementation et dans son contrôle est clairement remise en cause. Plus la place des accords sera importante, plus celle de la loi sera réduite, et moins l’inspection du travail pourra exercer ses missions de contrôle et de sanction au service des salarié-es. L’ineffectivité du droit du travail est sciemment organisée !
La régression sociale n’ayant pas de limites, la loi EL KHOMRI porte atteinte à la santé des travailleurs :
- Elle transforme la médecine du travail de prévention des risques professionnels en médecine de sélection de la main-d’œuvre :
- Le droit fondamental à la surveillance médicale régulière de la santé au travail ne concernerait qu’une frange des salariés en privant la majorité des travailleurs d’une prévention médicale régulière ouverte à tous,
- Elle dégage la puissance publique de son obligation d’ordre public social et fait de la santé du travailleur une variable d’ajustement de « l’employabilité »
- Elle décharge l’employeur de sa responsabilité en matière de sécurité,
- Elle permet aux patrons de licencier pour motif personnel un salarié sans obligation de supprimer les causes professionnelles à l’origine de son incapacité à occuper l’emploi.
C’est une offensive contre le fondement même du code du travail qui est menée mais surtout contre l’idée que l’exploitation des salariés soit limitée par d’autres règles que celle qu’impose la logique du profit au mépris des droits sociaux et de la santé des seuls producteurs de richesses : les salariés.
Pour la CGT, Il faut au contraire fortifier le code du travail pour lutter contre l’explosion de la précarité et la dégradation des conditions de travail. Les réformes du code du travail (la cinquième depuis 2012 !), les milliards de cadeaux fiscaux et d’exonération donnés au patronat depuis des années n’ont créé aucun emploi.
MACRON, REBSAMEN et EL KHOMRI, 3 lois, trois injonctions aux travailleurs :
- Pour les salariés dans l’emploi :
TRAVAILLE à en crever pour SURVIVRE !
DIS MERCI PATRON ! Et surtout
FERME-LA !
- Pour les salariés privés d’emploi , les jeunes:
OFFRE-TOI SUR LE MARCHE DU TRAVAIL Jusqu’à l’ALIENATION et L’HUMILIATION de la PRECARITE GENERALISEE !
DIS MERCI PATRON ! Et surtout
FERME-LA !
- Pour les fonctionnaires :
OBEIS ET FERME-LA parce que demain c’est ton statut qu’on détruira après avoir attaqué tes missions !
Sommes-nous ici aujourd’hui et en lutte depuis des semaines pour dire MERCI PATRON à nos adversaires de classe : HOLLANDE, VALLS, MACRON et GATTAZ ?
Il est temps de refuser le chantage à l’emploi imposé à coup de 49.3 par un état autoritaire au mépris de la démocratie sociale.
Il est temps de construire une république sociale dans laquelle au travail comme en dehors, ceux qui produisent des richesses deviennent ceux qui décident de leurs conditions de vie et de travail.
Ce que propose la loi EL KHOMRI c’est la sécurisation des profits et le maintien des travailleurs dans un emploi subordonné aliénant ou dans la quête incessante de celui-ci ;
Ce que nous voulons c’est construire ensemble, salariés et non-salariés, jeunes, vieux, retraités, une société où une classe ne peut en oppresser une autre, où une minorité, représentante d’un capital parasitaire, ne décide pas pour la majorité,
Ce que nous voulons, c’est décider de l’utilité de notre travail pour le bien commun contre les intérêts privés,
Ce que propose la CGT, c’est de garantir la reconnaissance de la qualification des travailleurs salariés, retraités, chômeurs par un salaire libéré de l’emploi, c’est ça la sécurité sociale professionnelle, c’est ça être un travailleur libre,
C’est par là que nous transformerons le travail, en transformant les rapports sociaux inégaux actuels par la réappropriation de l’usage des moyens de production pied à pied par des revendications exigeantes.
Tous les jours, les travailleurs luttent pour obtenir des droits nouveaux pour les salariés et leurs représentants pour s’opposer à l’arbitraire patronal et décider de leur avenir chez GERMANAUD, CDM, DELPHI, HMY, CH de BLOIS, la POSTE etc…: des congés supplémentaires, la réduction de la durée du travail, l’augmentation des salaires et des cotisations sociales pour faire reculer le capital et répondre aux besoins sociaux pour construire d’autres rapports sociaux.
Tous les jours, les travailleurs perdent, gagnent mais seules les luttes qui sont menées sont victorieuses.
Parce que nous ne devons rien attendre de personne d’autres que nous, c’est dans la rue et en bloquant par la grève les lieux de production de richesses : les usines, les services, les services publics que nous obtiendrons le retrait de cette loi.
Nous sommes ici parce que nous avons choisi notre camp, celui du bien commun, de la démocratie et de la république sociale, contestons sans modération et exigeons par la grève reconductible débattue en assemblée générale dans les services et les entreprises :
- Le retrait pur et simple de la loi EL KHOMRI,
- Des droits nouveaux et décisifs pour les salariés et leurs représentants dans les entreprises pour décider de leur avenir,
- Des salaires directs et socialisés à la hauteur des besoins sociaux pour financer les services publics et la sécurité sociale et pour faire reculer les profits et le capital,
Retrouvons nous encore plus nombreux jeudi dans la rue, en grève dans les entreprises et services jusqu’à la victoire.