Le Conseil de l’Union Economique et monétaire européenne, outil du patronat, des grands groupes et du monde de la finance pour ancrer leur domination, asservir les salariés, les peuples à leur toute puissance, faisait ses recommandations à la France le 13 mai 2015. Il la sommait de prendre les mesures nécessaires pour réduire le déficit public et de préciser les réductions de dépenses.
Le Conseil européen recommandait également d’examiner toutes les possibilités d’économies dans tous les secteurs des administrations publiques, notamment au niveau de la sécurité sociale et des collectivités locales, et de prendre toutes les mesures pour limiter l’augmentation des dépenses de fonctionnement des collectivités locales et des mesures supplémentaires pour ramener le système de retraite à l’équilibre, notamment en s’assurant que la situation financière des régimes de retraites complémentaires soit viable à long terme.
Il encourage également la France à maintenir les dispositifs visant à la réduction du coût du travail découlant du Crédit Impôt Compétitivité Emploi et du Pacte de responsabilité et, d’ici la fin 2015, à éliminer tous les obstacles réglementaires à la croissance des entreprises. De même, il recommande de prendre les mesures visant à réduire les impôts sur la production et le taux nominal de l’impôt sur les sociétés, tout en élargissant la base d’imposition sur la consommation, autrement dit la TVA, et en supprimant les impôts inefficaces dont le produit est nul ou faible.
Enfin, le Conseil Européen incite la France à réformer le droit du travail, ainsi que le système d’assurance chômage afin d’en rétablir la viabilité budgétaire et d’encourager davantage le retour à l’emploi.
Ainsi, toutes les mesures gouvernementales s’inscrivent dans les directives de cette Europe supranationale au service exclusif des exigences du patronat, de sa soif insatiable de profits et ce, contre les intérêts des salariés et des peuples. La réforme territoriale ou la loi santé, dite Touraine, par exemple, s’inscrivent dans cette logique.
La faible augmentation du SMIC, le gel du point d’indice des fonctionnaires, tout comme celui des retraites, ne sont que la réponse à ces directives sous l’égide du patronat.
La loi El Khomri, après celles de Rebsamen et de Macron, là encore ne fait que répondre aux sommations de cette Union Européenne construite par et pour les tenants du système capitaliste, portée par notre gouvernement, comme par ceux qui l’ont précédé. Car en effet, c’est bien notre gouvernement, en parfaite allégeance au patronat, qui porte la pleine et entière responsabilité de la soumission à cette Europe du capital, au détriment de l’indépendance nationale et de la souveraineté des peuples. D’ailleurs l’utilisation du 49-3 pour faire passer en force la loi travail illustre bien le mépris de ce gouvernement envers les élus de l’Assemblée Nationale, y compris de leur propre majorité, et envers ce qu’expriment des milliers de salariés, de retraités, de privés d’emploi et de jeunes dans les mobilisations depuis bientôt 3 mois, tout comme une large majorité de la population qui rejette le texte.
Gagner le retrait de ce texte et des droits nouveaux, obtenir de véritables augmentations des salaires, retraites et minima sociaux, le développement de l’emploi stable et qualifié, la réduction du temps de travail, la reconquête de véritables services publics de proximité et d’une sécurité sociale concernant l’ensemble des risques inhérents au travail et à la vie des salariés et leurs familles, nécessité d’élargir, d’amplifier la mobilisation dans les rues, les lieux de travail et de vie pour construire, comme dans d’autres périodes de l’histoire, le rapport de force qui seul permettra d’inverser la régression sociale et imposer de nouvelles conquêtes sociales.
Cela est d’autant plus indispensable qu’après avoir livré les salariés, les générations futures en pâture à un patronat plus réactionnaire et rétrograde que jamais, c’est clairement le système de retraite, le système d’indemnité du chômage, notre sécurité sociale solidaire qui sont dans la ligne de mire. 70% de la population continuent d’affirmer être opposés à la loi travail et soutenir l’action des organisations syndicales qui exigent le retrait de ce texte.
Soutenir c’est bien mais agir c’est indispensable !
En effet, si nous sommes aujourd’hui à nouveau en grève et en manifestation, si les routiers se sont lancés dans un mouvement reconductible depuis mardi comme les salariés des raffineries ou des ports et docks, suivis par les cheminots et d’autres professions, personne ne se battra à la place de personne. La grève par procuration n’a jamais existé et n’existera jamais. Comme le démontrent d’autres périodes de notre histoire, 1936, 1945, 1968, c’est la mobilisation massive de tous les salariés, les grèves sur chaque lieu de travail pour la satisfaction des revendications, et leur mise en convergence qui ont permis d’imposer de grandes conquêtes sociales au patronat et aux gouvernements. Pour exemples, les congés payés, la sécurité sociale, les comités d’entreprises, le statut de la fonction publique ou encore l’augmentation du SMIC de 30% en 1968.
Aujourd’hui, plus que jamais, les richesses créées par le travail des salariés, et par eux seuls, n’ont jamais été aussi importantes pour répondre aux besoins des salariés, de la population.
Aujourd’hui, de nombreux salariés vivent sous pression du chantage à l’emploi, ont les pires difficultés à boucler les fins de mois et des conditions de travail dégradées.
Et pourtant, la force est du côté du nombre, du côté des salariés. Lorsqu’ils sont unis, rassemblés, solidaires et déterminés dans l’action, rien ne peut leur résister.
La question qui est posée pour amplifier le mouvement, mettre le rapport de force au niveau nécessaire pour faire changer de camp la peur et gagner de nouveaux acquis sociaux c’est bien encore aujourd’hui la mise en mouvement, l’action collective de la masse des salariés dans chaque entreprise et service, chaque service public, leur cohésion et mise en convergence qui nous permettra de gagner avec les jeunes, les retraités et privés d’emploi rassemblés dans de grandes manifestations.
Nous vous appelons donc à nouveau à rassembler vos collègues, à débattre avec eux pour définir ensemble les revendications à porter et poser la question de la grève et de sa reconduction comme moyen incontournable pour obtenir des augmentations de salaires, des embauches en CDI ou sous statut, l’amélioration des conditions de travail, etc. en lien avec le retrait de la loi travail.
Si cela peut paraître compliqué pour de nombreux salariés, déjà plonger dans les pires difficultés, c’est pourtant la seule solution pour vivre mieux et travailler tous demain !
La CGT poursuivra ses efforts pour aider les salariés à se prendre en mains, construire un avenir meilleur pour eux et les générations futures. Alors à bientôt, le plus tôt possible, encore plus nombreux en grève et manifestations.