Chers·es camarades,
Si cette journée de grève et de manifestation a été impulsée par un appel unitaire de 7 organisations syndicales des 3 pans de la fonction publique, de nombreuses professions se sont jointes à cet appel, comme les cheminots qui sont entrés en lutte pour la défense du service public de transport, mais également les agents d’EDF-GDF, ceux de pôle emploi, de la sécurité sociale, les salariés du commerce, des industries chimiques, de la construction, de l’agro-alimentaire, etc., donnant ainsi un caractère interprofessionnel à cette journée de mobilisation face à l’offensive globale de Macron et son gouvernement.
Depuis son arrivée au pouvoir, le VRP des riches de la finance et des grands groupes, ardent promoteur de l’Union Économique et Monétaire Européenne, chantre de la concurrence libre et non faussée, a engagé une offensive généralisée contre tous les conquis sociaux des salariés avec une brutalité rarement égalée, utilisant notamment les ordonnances.
Dans cette logique, il a donc commencé par s’attaquer au Code du travail et aux Conventions collectives, afin de déréguler totalement les droits des salariés, aggraver la précarité, la flexibilité et la mobilité et faciliter les licenciements tout en supprimant les possibilités de recours, par le plafonnement des indemnités prud’homales.
Ensuite, dans le cadre du transfert du financement de la sécurité sociale par les cotisations sociales vers l’impôt, il a fait les poches de millions de retraités qui vivent avec de faibles pensions, avec l’augmentation de la CSG, au nom de la solidarité avec les actifs, quand dans le même temps, il a exonéré ses amis milliardaires et multimilliardaires de l’Impôt sur la Fortune.
Par différentes réformes cohérentes et convergentes, il a également décidé de refonder en profondeur, de remettre en cause l’école de la République fondée sur l’accès à tous, l’égalité des chances pour tous, même si elle a déjà été sérieusement égratignée par les réformes des gouvernements successifs depuis plus de 30 ans.
Avec la réforme des collèges, celle du BAC, de la voie professionnelle, la mise en place de Parcoursup, l’objectif est d’assurer un seuil minimum de connaissance, pour ensuite livrer les jeunes en pâture au patronat, pour les formater le plus tôt possible, dans le cadre de leur besoin de main d’œuvre, de l’employabilité, par la généralisation de l’apprentissage, les études supérieures étant réservées à une élite, aux nantis et aux premiers de cordée.
La réforme en cours de la formation professionnelle qui entérine au passage la disparition du Congé Individuel de Formation, la mise à mort des organismes publics collecteurs agréés et de la gestion quadripartite Etat-Région-Organisations syndicales et Organisations Patronales, va dans le même sens, en lien étroit avec les ordonnances Travail.
Quant aux chômeurs, stigmatisés par le gouvernement comme des fraudeurs et des fainéants, ce sera plus de contrôle, plus de sanctions et moins d’indemnisation.
Dans cette frénésie libérale, Macron entend finir de privatiser la SNCF, liquider le statut des cheminots, à nouveau par ordonnances, en présentant les cheminots comme des privilégiés et le statut comme responsable de tous les maux de l’entreprise publique.
Il prétend même, sans sourciller, que cette privatisation a pour objectif de défendre le service public, comme si le privé n’avait pas pour seul but, pour seule raison d’être, que de faire du fric sur le dos des usagers pour un service rendu moindre.
C’est la même logique qui guide Macron et son gouvernement dans une nouvelle offensive d’ampleur à l’encontre de la fonction publique, des missions publiques et du statut des fonctionnaires.
Depuis plusieurs décennies, les gouvernements ont multiplié les restrictions budgétaires, les suppressions de postes, plaçant les services publics et les administrations au bord de l’asphyxie au détriment de la réponse aux besoins des populations et les mesures visant à mettre en cause le statut.
Gel du point d’indice depuis 2010, non remplacement des départs en retraite, multiplication des contrats précaires, sous effectifs permanents, entrainant une dégradation sans précédent des conditions de travail, sont devenus le lot quotidien des agents de la santé, de l’Éducation nationale, des impôts, des administrations, des collectivités territoriales, à la Poste, dans les établissements pénitentiaires, etc.
Dans sa volonté de livrer l’ensemble des missions de services publics aux appétits financiers des grands groupes privés, Macron a décidé d’accélérer le démantèlement de la fonction publique et la privatisation de l’ensemble des services publics.
En 2017, avec un nouveau gel du point d’indice annoncé pour 2018, le rétablissement du jour de carence, la hausse de la CSG partiellement compensée dans une durée limitée, 60 milliards d’euros de restriction budgétaire et la suppression de 120000 postes nous avons eu la première salve.
Le 1er février dernier, lors du comité interministériel de la fonction publique, il a annoncé la 2ème salve dans le cadre de son programme action publique 2022 qui est en réalité un plan de destruction des services publics.
Ainsi, chaque ministère devra établir sa liste de missions à supprimer ou externaliser, en clair, à livrer au privé.
C’est l’accélération de la remise en cause des emplois statutaires par le recours massif aux contractuels, alors que l’on recense déjà un million de contractuels sur 5,5 millions d’agents.
C’est la mise en place d’un vaste plan de départs volontaires, pour ne pas dire plans de licenciements.
C’est la remise en cause de la grille indiciaire, de l’avancement à l’ancienneté, par l’intensification de la rémunération au mérite, à la tête du client, déjà initiée par le Parcours Professionnel Carrière et Rémunération et le RIFSEEP.
Comme pour le privé, avec les ordonnances Travail et la mise en place des Conseils Économiques et Sociaux qui fusionnent, les délégués du personnel et les Comités d’Entreprises, font disparaitre les CHSCT. C’est la remise en cause des instances paritaires, des Commissions Administratives Paritaires, des Comités Techniques et des CHSCT, mais aussi des droits syndicaux.
C’est une amplification des cures d’austérité, des restrictions budgétaires dans les 3 pans de la fonction publique, ce qui va se traduire par des suppressions de services, des missions de services publics pour les livrer aux groupes privés.
C’est un dynamitage en règle du statut de la fonction publique et des missions publiques.
Si le gouvernement et le patronat s’acharnent autant à détruire ce statut, c’est parce que c’est l’obstacle majeur à la marchandisation de l’ensemble des services et des activités, à la livraison aux appétits financiers de grands groupes privés de tout ce qui permet de répondre aux besoins des populations.
Fondé sur les principes d’égalité, d’indépendance et de responsabilité, le statut est avant tout une garantie pour les citoyens et les usagers des services publics de la fonction publique.
Il permet aux fonctionnaires de rendre un service public de manière neutre et impartial, en tout point du territoire, en les mettant à l’abri des pressions politiques, patronales, économiques, financières, y compris en leur permettant de refuser d’exercer un ordre contraire à la loi.
Le statut est une garantie pour les agents et les citoyens pour l’exercice des missions de services publics au service de l’intérêt général.
Cette offensive de Macron est une réponse à la fois aux injonctions de la Commission Européenne de Bruxelles, pour démanteler ce qui s’oppose à la concurrence libre et non faussée, mais surtout aux vieilles ambitions du patronat de pouvoir faire du fric avec l’ensemble des activités, avec tout ce qui conditionne la vie des salariés, de la population.
Reconquérir de véritables services publics de proximité, de qualité, accessibles à tous est un enjeu interprofessionnel qui concerne tous les salariés, du public comme du privé, les retraités et les privés d’emploi, la jeunesse.
Nous sommes toutes et tous confrontés à un choix de société. Alors que les fortunes des plus riches ont été multipliées par 12 en vingt ans, pendant que le nombre de personnes en situation de pauvreté à lui augmenté de 1,2 millions, la question qui est posée c’est bien la question de la répartition des richesses créées par le travail, consacrées à la réponse aux besoins des salariés, de la population, au progrès social.
Inverser les choix de Macron, du gouvernement et du patronat passe par le développement des luttes, leur mise en convergence pour mettre le rapport de force au niveau nécessaire pour gagner.
Cette offensive contre les services publics n’est pas isolée des autres reculs sociaux mis en œuvre par Macron après à peine un an de pouvoir.
Nous sommes toutes et tous confrontés à un recul et une même offensive globale pour remodeler totalement notre société, détruire la totalité des conquis sociaux arrachés par la lutte aux patronat, pour livrer l’ensemble de notre société à la voracité financière des grands groupes privés et faire reculer les conditions de vie et de travail de l’ensemble des salariés, de la population, de plus d’un siècle.
Nous devons donc créer les conditions d’une riposte globale, créer les conditions du tous ensemble pour donner de la force aux mobilisations qui se développent.
Les agents des établissements pénitentiaires, il y a quelques semaines ont connu une des plus importantes luttes depuis plusieurs années, et ce n’est pas fini.
Après la journée du 30 janvier, le taux de grévistes dans les EHPAD a atteint le 15 mars des niveaux extrêmement importants. A l’occasion de la bataille engagée contre les suppressions de lits à l’hôpital de Blois, la pétition a rassemblé en quelques jours, plus de 4000 signatures.
Le même jour, l’ampleur des manifestations de retraités a atteint en Loir & Cher comme dans toute la France, un niveau inégalé depuis des années.
Les cheminots annoncent 36 jours de grève sur 3 mois pour défendre le service public de transport ferroviaire.
Mais on ne s’en sortira pas les uns après les autres ou les uns à côté des autres.
Seule la mobilisation massive de tous les salariés, du privé et du public, des retraités, des privés d’emploi, de la jeunesse, tous ensemble, permettra de stopper Macron et d’imposer d’autres choix.
Il y a 50 ans, au mois de mai, la généralisation de la grève dans les entreprises et services, entrainant un blocage de l’économie a permis d’obtenir de fortes augmentations de salaires et nombreuses avancées sociales.
Aujourd’hui encore, il est possible de gagner des augmentations de salaires et des retraites, le développement du travail salarié, la reconquête des services publics de proximité, de qualité accessible à tous et partout et la reconquête d’une sécurité sociale couvrant l’ensemble des risques de la naissance à la mort.
Comme il y a 50 ans, c’est par le développement des luttes revendicatives sur chaque lieu de travail, leur mise en convergence dans un cadre interprofessionnel que nous reconquerrons le progrès.
La CGT y est résolument engagée. Dans cet objectif, la CGT a d’ailleurs proposé au plan national, une rencontre avec les autres organisations pour aller vers une journée interprofessionnelle de grève et de manifestation courant Avril.
Dans la région, la CGT a décidé de prendre à bras-le-corps les questions de l’accès aux soins pour les populations.
En effet, les restrictions budgétaires pour les hôpitaux publics et la sécurité sociale menées depuis des décennies ont conduit à une situation dramatique pour la population en termes d’accès aux soins.
Pénurie organisée des médecins, racket des patients par les dépassements d’honoraires, délais incroyables pour accéder à un spécialiste à certains examens, déremboursements des médicaments, manque de places dans les structures d’accueil pour les personnes âgées, sont autant de conséquences pour les populations qui vont même parfois jusqu’à des drames.
Quant au personnel des établissements, ce sont des sous effectifs permanents, des conditions de travail épouvantables, etc.
Macron dans le budget de l’État 2018 et la loi de financement de la sécurité sociale entend aggraver cette situation.
Dans la même logique, l’Agence Régionale de Santé prévoit dans son Plan Régional Santé de nouvelles suppressions massives de services, de lits et de postes dans les hôpitaux de la région qui vont placer la population dans une situation de difficulté inexorable pour pouvoir se soigner.
Parce que l’accès aux soins pose la question des services publics, de l’aménagement du territoire, du financement des établissements, de la sécurité sociale et donc des salaires et du développement du travail, nous sommes bien confrontés à des enjeux interprofessionnels et intergénérationnels qui nécessitent la mobilisation de tous les salariés, tous les retraités et privés d’emploi, de la jeunesse.
Le Comité Régional CGT Centre Val de Loire, a donc décidé d’appeler à une manifestation régionale interprofessionnelle le jeudi 29 mars à St Jean Le Blanc à l’occasion de la présentation de ce Plan devant la Conférence Régionale de Santé et de l’Autonomie.
L’UD CGT de Loir & Cher met à disposition des cars qui partent de Blois, Vendôme et Romorantin pour se rendre à cette manifestation.
Nous vous appelons toutes et tous à participer et à vous inscrire auprès de l’UD CGT de Loir & Cher à cette première étape de la mobilisation pour reconquérir l’accès et la gratuité à des soins de qualité pour tous, le renforcement de notre système de santé et de la sécurité sociale.
Tous ensemble, unis, solidaires et déterminés dans l’action, nous pouvons imposer d’autres choix.
Alors, rendez-vous très nombreux le 29 mars et dans les prochaines grèves et manifestations.