Fin 2017, le Président Macron a nommé un haut commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye. Celui-ci travaille sur un projet de loi pour 2019 qui supprimerait les 42 régimes de retraite actuels pour les remplacer par un système unique de « retraite par points ». Ça va aller vite ! Calendrier prévu par le gouvernement :
- Avril 2018 – Décembre 2018 : discussions avec les organisations syndicales à partir du document intitulé «Vers un système universel de retraites».
- Décembre 2018 – Juin 2019 : processus législatif.
- Juillet-août 2019 : adoption de la « réforme »
Aujourd’hui, 95 % de notre système de retraite fonctionne par répartition, cela signifie que les cotisations du moment financent les retraites du moment, et que ces cotisations sont constitutives des futurs droits à la retraite. Ce système collectif a pour principe la solidarité entre les générations, sa qualité principale étant sa sécurité, le financement reposant sur la masse salariale globale.
Avec notre système de retraites à prestations définies, leur montant est calculé, selon la durée validée, en partant du salaire perçu (la moyenne des 25 meilleures années pour le régime général, l’indice des 6 derniers mois pour la fonction publique).
UN SYSTÈME UNIVERSEL DE « RETRAITE PAR POINTS » : C’EST QUOI ?
Dans un système universel de «retraite par points», le salarié cumule tout au long de sa carrière professionnelle des points acquis en fonction de la valeur d’achat du point : le montant de la retraite est alors déterminé en multipliant l’ensemble des points accumulés par la valeur du point à la liquidation des droits.
Qui décidera de la valeur d’achat et de liquidation du point ? Le gouvernement, en fonction des « aléas » du contexte économique !
Ce qui signifie en clair que la valeur du point au moment de la liquidation pourrait varier, d’année en année, en fonction des conditions économiques. Il n’y a plus dans ce système de montant garanti des retraites, le gouvernement fixant à intervalle régulier la valeur du point. Le·la salarié·e pourra partir en retraite avec une pension amputée ou être contraint de partir plus tard.
Cela est contradictoire aux attentes des salarié·es, qui portent sur l’exigence d’un maintien de niveau de vie, donc de leurs pensions, proche du salaire d’activité, d’un départ à la retraite à l’âge de 60 ans et de la reconnaissance de la pénibilité par un départ anticipé.
La retraite par points sera l’occasion d’amputer les retraites de 60 milliards d’euros, correspondant à ces droits. Les patron·nes se frottent déjà les mains : ils pourraient garder dans leurs poches une partie de notre salaire versée en cotisation retraite.
VERS UN SYSTÈME DE RETRAITE PAR CAPITALISATION
La mise en place d’un système universel de « retraite par points » impliquerait inévitablement la mise en place de retraites « supplémentaires » fonctionnant par capitalisation, le·la salarié·e mettant de côté de l’argent en vue de sa propre retraite.
On passerait d’un système de solidarité intergénérationnelle à un système individuel. C’est bien la volonté de changement de société voulu par le gouvernement, pour tourner toute l’économie nationale vers les actionnaires et les entreprises, au détriment des droits de la population, de toute solidarité.
C’est bien notre travail qui crée les richesses et elles ont été multipliées par 4 en 30 ans !
Les financements existent pourtant pour faire vivre durablement les régimes existants :
- la suppression du CICE et du pacte de responsabilité, c’est 40 milliards d’euros,
- la suppression des exonérations de cotisations patronales, ce sont plus de 25 milliards d’euros,
- un million d’emplois créé, ce sont 13 milliards d’euros,
- l’égalité femmes/hommes ce sont plus de 10 milliards d’euros pour la sécurité sociale en 2020,
- la lutte contre le travail dissimulé, ce sont 6 milliards d’euros.
Pour toutes ces raisons la CGT refuse le système de retraite par points et par capitalisation et revendique :
⇰ le maintien des régimes de retraites : régime général, régimes spéciaux, régimes complémentaires, du code des pensions civiles et militaires,
⇰ le maintien du système de retraite par répartition à prestations définies,
⇰ le droit à vivre sa retraite dignement, donc l’augmentation immédiate des pensions de 400 €.
Le salaire à vie, un projet porté par la CGT 41 :
Un salaire à vie de 18 ans à 55 ans, âge où le·la salarié·e est libéré de la relation de subordination à l’employeur·e. Un salaire qui évolue en fonction de sa qualification et de son ancienneté, au regard des garanties collectives nationales et des statuts. Un salaire continué au moment du départ à la retraite et réévalué en fonction de l’inflation.
Pour les métiers pénibles, un départ à la retraite à 50 ans,
Le salaire à vie se baserait sur une caisse unique des salaires, intégrée à la Sécurité sociale, financée par les cotisations sociales patronales et salariales.
L’histoire nous a montré que les conquêtes sociales ont été gagnées dans des contextes de luttes revendicatives de masse. Si l’on veut imposer d’autres choix, il est indispensable de mettre en débat et diffuser ces propositions de transformation de la société.