Chers ami·es, chers camarades,
Depuis ce week-end, les médias tentent de nous convaincre que le mouvement des gilets jaunes serait en phase terminale. Certains politiques osent même déclarer que Macron, ayant répondu aux attentes populaires, la poursuite de ce mouvement ne serait plus justifiée et qu’il fallait qu’il s’arrête au plus vite, notamment pour libérer les temples de la consommation à la veille des fêtes de fin d’année.
Macron a bien tenté de désamorcer la colère qui s’exprime largement, depuis plusieurs semaines, contre sa politique de destruction de toutes les conquêtes sociales, obtenues par les luttes des salarié·es au fil de notre histoire.
Mais ce baratin est loin d’être suffisant pour éteindre un mouvement né de décennies de politiques nourrissant de profondes injustices sociales et fiscales, de graves détériorations des conditions de vie et de travail, appauvrissement et misère pour une grande masse des salarié·es, de la population.
Les mesures annoncées par Macron n’ont convaincu personne et encore moins répondu aux attentes populaires.
La prétendue augmentation du SMIC de 100 €, sans 1 € à payer par l’employeur·e, relève d’un magistral air de pipeau. Ce n’est que l’anticipation de l’augmentation déjà programmée de la prime d’activité, qui est une prestation sociale, financée par les contribuables. De plus, seule la partie des smicards les plus pauvres sera concernée puisque l’attribution de cette prime est conditionnée aux revenus du foyer.
C’est le même air de pipeau concernant la suppression de la hausse de la CSG pour les retraites inférieures à 2000 €.
En fait, le seuil de 2000 € pour un·e retraité·e seul n’est pas le montant de sa pension mais le revenu global net, incluant d’autres éventuels revenus comme les intérêts d’un livret A ou d’un PEL. C’est donc le revenu fiscal de référence qui est pris en compte.
Pour un couple, ce revenu fiscal est de 2850 € par mois. Donc, si vous avez un couple de retraité·es touchant royalement 1500 € de retraite chacun·e, ils continueront à payer la CSG plein pot.
Dans les déclarations de Macron, il n’y a aucune réelle réponse aux exigences de revalorisation des salaires, des retraites et minima sociaux alors que les fins de mois sont de plus en plus difficiles à boucler, dès le début du mois pour une grande part de salarié·es, de la population.
Il n’y a pas plus de réponse pour les chômeur·ses et les précaires survivant dans les pires difficultés.
Il n’y a pas non plus de réponses aux jeunes qui veulent pouvoir choisir librement leurs études et orientations professionnelles, avoir un véritable avenir.
Si Macron a changé de méthode, avec un discours marqué d’un mea-culpa hypocrite, il maintient le cap et sa politique au service exclusif du patronat, des plus riches.
Il continue de préserver les intérêts de ses copains 1ers de cordée, de celles et ceux qui exploitent les salarié·es, maintiennent les retraité·es et les chômeur·ses dans la précarité et la misère, pendant qu’ils et elles se gavent, sur leurs dos, de profits toujours plus colossaux, à l’image des 93 milliards de profits des entreprises du CAC 40 en 2017.
Pire encore, certaines mesures répondent aux vieilles revendications du patronat de ne plus financer notre sécurité sociale solidaire.
Ainsi, la défiscalisation et désocialisation des heures supplémentaires, s’oppose non seulement à la revalorisation des salaires, au développement de l’emploi, à la réduction du temps de travail, mais contribue à saper le financement de la sécurité sociale par les nouvelles exonérations de cotisations sociales.
C’est la même logique avec cette fameuse prime exceptionnelle que peu de salarié·es verront.
Si nous fait le choix, à Blois, d’appeler devant la CPAM, c’est que cet après-midi va se tenir un Conseil d’Administration qui va statuer sur les budgets.
Alors que depuis plus de 30 ans, les gouvernements se sont frontalement attaqués à notre sécurité sociale et à son financement par les richesses créées par le travail, le salaire socialisé, multipliant les réformes régressives de l’Assurance Maladie, des retraites, minant ses ressources par le blocage des salaires et des retraites, le chômage de masse, l’explosion des exonérations de cotisations pour le patronat, transférant le financement vers l’impôt à l’image de la branche famille, Macron entend finir le travail en livrant tout notre système de protection sociale solidaire à l’assurantiel individuel privé et libérer le patronat de son financement, de ce qu’ils appellent de manière éhontée les « charges ».
Alors que se profile une nouvelle régression concernant les retraites, le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale est marqué du sceau de l’austérité, de réduction des dépenses, avec des reculs pour les personnels des organismes sociaux et les assuré·es sociaux, et de nouveaux cadeaux pour les patron·nes.
Alors que déjà, les personnels des organismes ne sont plus assez nombreux pour assurer leur mission de service public, les Conventions d’Objectifs et de Gestion 2018-2022 prévoit la suppression de 12000 postes, 8000 dans l’Assurance Maladie, 2100 dans la Famille, 895 dans les retraites et 880 dans le recouvrement.
Alors que le PLFSS 2018 avait déjà acté une réduction de 4,2 milliards d’euros pour les dépenses de santé, celui 2019 en prévoit une nouvelle de 3,8 milliards qui va engendrer une nouvelle dégradation de l’accès aux soins, de nouvelles attaques contre l’hôpital public, dans une situation déjà dramatique. C’est cette situation dramatique que la CGT, avec les agent·es, les usager·es et assuré·es sociaux a combattue dans la région en gagnant le rejet du Plan Régional Santé 2. Il nous faut poursuivre et amplifier cette bataille face aux stratégies et pratiques totalement antidémocratiques de l’Agence Régionale de Santé, qui poursuit sa casse de l’hôpital, par la fermeture de lits, de services, la pénurie organisée de médecins, etc.
Et pour les patron·nes, c’est l’exonération totale de cotisations pour les salarié·es au SMIC. En clair, il faut surtout payer le plus mal possible ses salarié·es pour être exonéré au maximum.
C’est l’augmentation et la transformation en exonération de cotisations du CICE de 21 milliards d’euro qui n’iront plus dans les caisses de la sécurité sociale, auxquels s’ajoutent 20 milliards qui ne seront plus compensés par l’État.
Alors que cette immense conquête sociale, combattue farouchement par les patron·nes dès sa mise en place, a permis, conjointement à la mise en place des services publics, d’élever les conditions de vie et de travail des salarié·es, de la population, Macron entend accélérer son démantèlement pour livrer l’ensemble des missions de la sécurité sociale à l’assurantiel individuel privé pour celles et ceux qui pourront payer. Il suffit déjà de regarder le poids pour les budgets des familles que représentent les tarifs des complémentaires santés.
A l’inverse du discours du patronat et du gouvernement, plus que jamais, les richesses créée par le travail n’ont jamais été aussi importantes pour renforcer, élargir la couverture de notre sécurité sociale.
Les revendications à satisfaire pour reconquérir une véritable sécurité sociale solidaire, financée par les cotisations sociales, et couvrant l’ensemble des risques à 100 % rejoignent totalement les aspirations exprimées par le mouvement des gilets jaunes.
C’est bien par une réelle revalorisation des salaires, retraites et minima sociaux, par le développement de l’emploi stable et qualifié, à temps plein, source de financement de la sécurité sociale que nous gagnerons son renforcement.
Mais jamais rien n’a été offert ni généreusement donné par le patronat ou quelque gouvernement que ce soit. Comme le démontre notre histoire, c’est la lutte massive, unie et solidaire des salarié·es, de la population qui a permis d’arracher les avancées sociales.
Face à l’autisme du gouvernement et du patronat qui refusent obstinément de consacrer une partie des richesses que nous sommes seuls à créer par notre travail au progrès social, il n’y a pas d’autre choix pour les salarié·es, les retraité·es et chômeur·ses, la jeunesse que d’élargir, d’amplifier les mobilisations en cours pour obtenir satisfactions à nos revendications.
Comme dans d’autres périodes de l’histoire, c’est par la généralisation de la mobilisation sur tous les lieux de travail et de vie par la grève ou toute autre forme, que nous nous réapproprierons les richesses que nous créons pour gagner de nouvelles conquêtes sociales. Après cette journée de mobilisation nous appelons tous les salarié·es à poursuivre le débat, à poursuivre les actions partout où c’est possible même si nous sommes conscient de l’approche de la trêve des confiseurs. Mais la CGT s’engage à créer toutes les conditions pour développer dès début janvier le plus large front pour stopper l’offensive de Macron et conquérir de nouvelles avancées sociales.
Alors, à bientôt, encore plus nombreux et nombreuses en grève et dans la rue. On ne lâche rien jusqu’à la victoire
Intervention de la CGT 1 aux rassemblements du 18 décembre 2018