En 2008, la réforme de Nicolas Sarkozy qui considérait les chômeurs, en bons boucs émissaires, comme responsables du chômage, refusant de travailler et profitant d’un système trop généreux, s’est traduit par de graves reculs en termes d’indemnisation et un flicage renforcé.
Aujourd’hui, considérant que les chômeurs sont responsables de leur situation, qu’ils n’ont qu’à accepter n’importe quel travail, dans n’importe quelles conditions de salaire, de mobilité, de précarité, etc., la réforme entreprise par Macron va encore plus loin.
En effet, la réforme présentée par la ministre du travail, au nom de pseudos avancées, s’attaque gravement aux droits des chômeurs, tout en réformant en profondeur notre système d’indemnisation du chômage.
Alors que c’était une des mesures phares de la campagne électorale, le fameux droit au chômage pour les démissionnaires va en fait être limité aux salariés, employés dans la même entreprise depuis au moins 5 ans, qui démissionneront pour un « réel » projet de reconversion ou de création d’entreprise ce qui représente une minorité.
Refusant toute idée de nouvelle cotisation pour financer le système, l’ouverture des droits pour les indépendants va se traduire par une allocation de 800 euros pendant 6 mois pour les auto-entrepreneurs, artisans, les commerçants ou agriculteurs, dont le bénéfice annuel était de 10 000 euros et qui se retrouvent en liquidation judiciaire.
Mais au nom de ces mesurettes qui concernent une minorité, c’est la mise en œuvre de graves reculs et d’un flicage renforcé pour tous les chômeurs, considérés comme des fraudeurs et des fainéants.
Ainsi, va se mette en place un « journal de bord » obligatoire, où chaque chômeur, indemnisé ou non, devra faire la preuve de recherches effectives d’emploi sous peine de sanctions.
L’offre raisonnable d’emploi, initiée par Sarkozy, est renforcée sous forme d’un contrat entre Pôle emploi et le chômeur. Par cette disposition, le gouvernement réaffirme sa volonté d’obliger les chômeurs d’accepter n’importe quelle offre d’emploi, dans n’importe quelle condition.
Par exemple, le technicien qui travaillait chez Philipps-Eclairage à Lamotte Beuvron, avec un salaire de 2000 € net par mois, dont l’entreprise a été fermée par le groupe pour aller faire 25% de marge de plus dans les pays de l’Est, qui refusera un contrat de 25 heures par semaine, au SMIC, pour aller s’occuper des personnes âgées à domicile dans le cadre des Services à la personne, pourra être sanctionné, suspendu ou même carrément radié.
Le pouvoir de prononcer les radiations passe de la Direction Régionale du Ministère du Travail à Pôle emploi qui devient ainsi juge, juré et bourreau !
Quant aux sanctions, elles vont être nettement durcies avec une graduation, allant de un mois jusqu’à la radiation. Avec des sanctions renforcées et des radiations facilitées, le gouvernement affiche clairement sa volonté de contraindre les chômeurs à accepter n’importe quoi, notamment les mini-jobs à l’Allemande, sur fond de culpabilité et de sanctions.
Dans cet objectif, le gouvernement prévoit d’augmenter le nombre de contrôleurs de Pôle emploi qui passerait de 200 en 2018 à 600 en 2019 puis 1000 en 2020.
Plutôt que d’accroitre le flicage des chômeurs, le gouvernement ferait mieux d’augmenter les effectifs des finances publiques pour contrôler les copains milliardaires ou multimilliardaires de Macron qui organisent l’évasion fiscale dont le montant est évalué à 70 milliards d’euros chaque année. Ainsi, pour faire baisser les chiffres du chômage, Macron a décidé de combattre les chômeurs.
Dans le même temps, la suppression de la cotisation salariale, conjuguée à la modification de la cotisation patronale, fait passer notre système de protection sociale d’indemnisation du chômage, basé sur des droits, à un système de charité publique, financé par l’impôt, légitimant la logique de culpabilisation et de sanctions contre les privés d’emploi.
Alors que déjà seulement 42% des chômeurs sont indemnisés, il est inacceptable que les chômeurs victimes du saccage de l’emploi stable et qualifié par les stratégies de délocalisation, de fermetures d’entreprises par les grands groupes, et de la réduction des effectifs dans les services publics mis en œuvre par les gouvernements successifs, subissent une double peine.
Il est indispensable d’agir ensemble, salariés et privés d’emploi, pour renforcer notre système d’indemnisation du chômage et gagner le développement de l’emploi stable et qualifié à temps plein par la réindustrialisation de notre département et le renforcement des services publics.