La loi Pécresse sur l’autonomie des universités et la loi Fioraso, qui ne la remet pas en cause, réduisent à néant le caractère national de la politique publique de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR). Elles renforcent la logique du tout profit, de la rentabilité à tout prix et la mise en concurrence des établissements, à l’instar des universités anglo-saxonnes. La volonté d’attractivité des universités les incite à avoir recours aux financements privés et à la multiplication des partenariats public/privé qui, à termes, feront du patronat le décideur des contenus de formation et des sujets de recherche. Les diplômes peu attractifs pour les entreprises seront dévolus aux universités considérées « de seconde zone » par le patronat, éloignées des grandes métropoles prévues par la réforme territoriale et la politique européenne à l’œuvre actuellement.
La mise en place des ComUEs (Communauté d’Universités et d’Établissements), dont le pilotage se fera en grande partie par les régions, a pour vocation d’adapter l’ESR aux enjeux stratégiques économiques et politiques locaux et aux intérêts à court terme des entreprises de la région. Pour sortir des difficultés économiques et répondre aux exigences européennes pour l’attribution des subventions, une réduction drastique des moyens s’applique, se traduisant par des suppressions de formations jugées non rentables, le gel de postes des personnels et la hausse de la précarité. La mutualisation des moyens se fait au détriment des conditions de travail des personnels et des conditions d’études des jeunes.
Comptant, à tort, sur la fusion du Centre, du Limousin et de Poitou Charentes, les présidents et directeurs des universités et des écoles d’ingénieurs des trois régions ont décidé de constituer une ComUE inter-académique (non validée pour le moment) avec pour objectif avoué une « visibilité européenne et internationale du potentiel de recherche et d’enseignement supérieur » local avec notamment une spécialisation dans les domaines de l’énergie et de la santé. En aucun cas elle ne vise la réussite du plus grand nombre d’étudiants et le développement de l’offre de formation, notamment dans le Loir et Cher. Ce dernier restera sans réel pôle universitaire, contraignant les jeunes à partir sur Tours et Orléans.
La ComUE Centre-Val de Loire a ainsi créé la SATT Grand Centre (Société d’Accélération du Transfert de Technologies) qui a notamment pour missions de valoriser le portefeuille de propriété industrielle, d’augmenter le nombre de contrats de recherche public-privé (peu de chance que cela renforce la recherche publique) et de proposer des prestations de services aux laboratoires (sous-entendus, privés comme les grands groupes pharmaceutiques de la Région).
Dans toutes les instances représentatives la CGT portera son opposition à cette politique de l’ESR soumise à la loi du marché. Elle demande l’abrogation des lois Pécresse et Fioraso et l’arrêt du processus de régionalisation et de territorialisation de l’ESR pour reconstruire un service public national démocratique et émancipateur.