Matra la lutte continue

A l’endroit exact où Léonard de Vinci, en 1517 ,voulait poser la première pierre de la cité idéale et faire de Romorantin la capitale du royaume de François 1er, trois cent ans plus tard, fut érigée par trois frères, une usine de filatures.

Les filatures Normant connurent aussi de grands mouvements sociaux, notamment pendant l’été 1911 où les salariés se révoltèrent contre un contremaitre, Landard. Cette usine fut liquidée à la fin des années soixante sous prétexte d’une grave crise dans le textile.

Au début des années 70, un passionné de course automobile y installa une petite unité de fabrication de voiture sportive.

JL Lagardère, fabriquant de missiles et autres armes de guerre, décide de redorer le blason de son groupe et investit dans l’entreprise.

En 20 années, le groupe Matra automobile devient le 4ème constructeur de France.

La collaboration s’étend de Simca à Chrysler et de Peugeot à Renault. Au départ les fabrications sont limitées à la production de véhicules sportifs puis élargit sa gamme à des véhicules grands publics.

Les sites de Theillay et Romorantin connaissent un accroissement de charge de leurs activités industrielles.

De nouvelles techniques de fabrication sont très vite développées avec l’arrivée de matières composites issues de l’aéronautique et de l’aérospatial.

Les premières batailles syndicales ont lieu sur les conditions de recrutement, les conditions de travail et de sécurité. La santé des travailleurs est une des préoccupations majeures pour la CGT. Les opérateurs sont exposés à des produits nocifs et très volatiles lors de la fabrication des carrosseries, des ponçages et des peintures des véhicules. Ces tâches sont exécutées dans des conditions déplorables et inacceptables. Malgré les divisions syndicales organisées part la direction, de nombreuses actions collectives sont menées par la CGT.

Au début des années 80, Lagardère décide de mettre fin à sa collaboration dans la branche automobile : la C.G.T. s’engage seule pour le développement et le maintien de l’emploi et de la production sur les sites de Theillay et Romorantin.

Malgré les pressions des représentants de l’Etat, des politiciens et du grand capital, les luttes et les positions soutenues et portées par nos camarades CGT Matra portent leurs fruits. La fabrication de l’Espace Renault se fera à Romorantin. Le succès du monospace permet aux sites de production de passer à Romorantin de 700 salariés à 2300 et à Theillay de 250 à 500 salariés.

La CGT organise une fois de plus la lutte contre la précarité des travailleurs, jeune pour la plupart d’entre eux. La lutte porte pour que les C.D.D. deviennent des C.D.I. 1000 salariés précaires obtiendront leur C.D.I grâce à la détermination des camarades.

Les ventes de l’Espace explosent et permettent à Renault et Matra de se partager 6 milliards de francs.

Le groupe Lagardère décide dès le début des années 2000 de se recentrer sur des activités plus lucratives, à savoir l’armement et les médias.

Ses dirigeants manœuvrent pour inciter les salariés, avec la complicité de syndicats complaisants, à des négociations transactionnelles avant l’arrêt définitif de la production industrielle et les licenciements de 1600 salariés, ce qui entrainera la mise au chômage de plus de dix milles personnes dans les métiers de la sous-traitance et des emplois induits.

La CFDT, la CFTC et le SLI ont œuvré avec la complicité des dirigeants à une propagande idéologique pour encourager les salariés au départ volontaire :700 salariés partirons avec une enveloppe financière.

En 2003, le groupe Lagardère met la clé sous la porte avec ses mêmes complices, l’Europe, l’Etat et les élus politiques de tous bords à coup de millions d’euros condamnant un bassin de vie et d’emplois

«mettre en œuvre un plan de sauvegarde exemplaire» (Lagardère 27/02/03) c’était l’une des promesses du groupe.

En 2008, 86 salariés de Matra Venture Composites attaquent Lagardère et obtiennent 23000 euros en cassation.

Le 24/02/11, un ex salarié de Matra, avec le soutien de la CGT obtient de la Cour d’appel d’Orléans la condamnation de Lagardère pour non respect des procédures de  reclassement lors de son licenciement.

En 2013, l’Union Locale des syndicats C.G.T de Romorantin rassemble presque 500 ex salariés de Matra pour les inciter à engager une procédure contre le groupe Lagardère pour non respect des procédures de licenciement. 360 d’entre eux déposeront au tribunal des prud’hommes de Blois un dossier. Le jugement sera effectué à Romorantin. La cour des prud’hommes condamnera Lagardère.

En septembre 2015 la cour d’appel déboutera les salariés. Début 2016 la cour de cassation est saisie par les salariés et en octobre 2017 elle déboute Lagardère. A ce jour nous ne savons pas si Lagardère fera appel.

Sources : archives UL CGT de Romorantin et Comité Régional CGT Centre Val de Loire.

 

L’accueil à la Direction Générale des Finances Publiques

Depuis 3 ans, la fermeture des trésoreries a connu une accélération. En 2016, les trésoreries de Salbris et de Selles-sur-Cher ont fermées leurs portes. En 2017, c’était au tour de celles de Onzain-Herbault et de Marchenoir. La trésorerie de Montoire fermera au 1er janvier 2018.

Il ne reste donc aujourd’hui plus que 10 trésoreries : Bracieux, Contres, Lamotte Beuvron, Mer, Mondoubleau-Droué, Montoire, Montrichard, Morée et Saint-Aignan et celle de l’office HLM.

Et sur Blois, Vendôme, Romorantin où se trouve encore un Service des Impôts des Particuliers (SIP), une trésorerie et un Service des Impôts des Entreprises.

D’autres services ont été rapatriés à Blois. Il s’agit des services de la publicité foncière (Hypothèques), de Vendôme au 1er septembre 2017 et de Romorantin au 1er novembre 2015.

Les raisons de ces fermetures sont liées à une volonté de notre direction générale. Cela nous a été confirmé par Bruno PARENT, le directeur général de la DGFIP, lors de sa venue dans notre département le 21 novembre 2017.

Les 2 causes principales sont la baisse des effectifs de DGFIP en Loir et Cher, soit une dizaine d’agents par an depuis 2008, et l’adaptation du réseau à la loi NOTRe (réforme territoriale).

La baisse des effectifs a une autre conséquence pour les contribuables, c’est la restriction des plages d’accueil depuis le 1er janvier 2015, l’ouverture uniquement le matin dans les trésoreries, la fermeture les mercredis et vendredis après-midi à Blois, Vendôme et Romorantin et la  mise en place d’un accueil sur rendez-vous dans les SIP depuis mars 2017, hors période déclarative.

Pour 2018, le téléphone ne sera plus disponible le mercredi après-midi : mesure présentée comme un progrès pour les agents, ce sera surtout une recrudescence de mails et de personnes aux guichets les jours suivants. C’est une volonté de l’administration fiscale, car il faut « désintoxiquer les usagers des accueils physiques ».

Une autre volonté de l’administration est de réduire les possibilités de paiement en numéraire à 300 euros depuis 2010. Le seuil sera très certainement abaissé à 150 € en début 2018.

Dans d’autres départements, il y a des trésoreries sans caisse, où seul le paiement en carte bleue ou de façon dématérialisé est possible. Dans notre département, les permanences sont sur ce modèle.

Un autre axe est la dématérialisation des paiements et des procédures, afin de réduire encore et toujours l’accueil physique dans les services des finances publiques. La dématérialisation se fait de façon insidieuse. L’administration contraint à déclarer en ligne, mais aussi à payer en ligne.

Ainsi, depuis 2016 il était exigé de payer en ligne toute somme supérieure 10000 euros, seuil rabaissé à 2000 euros en 2017 et qui le sera encore en 2018 (100€) et 2019 (800€).

Tout autre règlement non dématérialisé est pénalisé à hauteur de 0,02 % de pénalités avec un seuil minimum de 15€.

C’est une remise en cause de l’égalité de l’accès aux services car pour la population, nombre de personnes n’ont pas Internet et seuls les SIP ont des bornes d’accueil en libre-service.

Loin de la prétendue simplification des démarches administratives, le but réel est de faire des économies en supprimant du personnel pour réduire la dépense publique et atteindre les objectifs fixés par l’Union Européenne.