SEGUR, de l‘illusion à la mobilisation.

Si le « Ségur de la santé » a promis une revalorisation des salaires des agent·es de la Fonction publique hospitalière, cela ne résout en rien les besoins urgents en personnels formés, indispensables pour avoir des prises en charges dignes d’un grand service public de santé. Comment parler d’attractivité vers les métiers de la santé, en particulier du grand âge et le travail en EHPAD, sans aborder la question des conditions de travail et des conséquences liées aux sous-effectifs chroniques de tous les établissements de santé publique ? Pour exemple dans un EHPAD du centre hospitalier de Blois, les soignant·es étaient seulement 3 le matin pour assurer tous les soins de 38 résident·es, en pleine canicule, avec des températures allant jusqu’à 30° dans les chambres.

La revalorisation de salaire des soignant·es est plus que légitime ! Pour rappel l’enquête de l’OCDE a démontré que la France se situe au 25e rang concernant le salaire des Infirmier·es diplômés d’État. La prime promise va donc nous remettre à peine à l’équilibre. Elle ne compensera pas la perte du pouvoir d’achat due au gel des salaires de la Fonction publique. On sera juste un peu moins exploités ! Le 24 juillet la ministre de la transformation de la Fonction publique, Amélie de Montchalin, a rejeté toute éventualité du dégel du point d’indice.

Encore actuellement des infirmier·es, aides-soignant·es et médecin·es sont en grève illimitée pour réclamer des moyens supplémentaires. Le Ségur n’a pas réussi à apaiser la colère des soignant·es qui sont en lutte depuis des années afin d’obtenir des moyens pour effectuer leur travail dans de bonnes conditions.

Le Ségur, cet accord pour l’hôpital public signé par 3 syndicats qui n’avaient pas participé aux mouvements sociaux, est une source de grande déception.

Actuellement, il existe une grosse inquiétude des personnels sur les stocks de matériels et de médicaments dans l’hypothèse de devoir vivre avec ce virus. Des périodes d’augmentation d’activité placeront de nouveau les hôpitaux en situation de crise. Durant la crise aigüe de Covid les personnels ont dû se battre contre le virus mais aussi contre le manque de matériel : actuellement de nouvelles pénuries se font jour, notamment sur les gants.

Le jour d’après va-t-il ressembler au jour d’avant ? La nomination de Jean Castex laisse présager que la politique de destruction de l’hôpital public va se poursuivre activement. Il n’est pas un inconnu en la matière de santé publique. Il est l’auteur de la notion d’objectifs dans l’hôpital et de la rationalisation des coûts. Remettre des médailles et faire défiler des soignant·es le 14 juillet pour ensuite nommer Jean Castex 1er ministre est une aberration. Lui, qui alors haut fonctionnaire à la DHOS, était chargé de mettre en œuvre deux réformes : la défense de la tarification à l’acte et la gouvernance administrative de l’hôpital. La communauté soignante revendique en plus des créations de postes et de la revalorisation salariale, une modification en profondeur de la façon dont est géré l’hôpital. Quand un service doit être réorganisé, ce ne sont pas les agent·es de terrain qui réfléchissent aux solutions mais la direction et l’administration. Quand la T2A est arrivée les directeur·trices se sont mis aux chiffres pour recevoir de plus grosses enveloppes. Résultat on a augmenté l’activité mais pas le personnel !

Celui qui est devenu ministre de la Santé pointait en 2016 les effets pervers de cette politique : « un accent mis sur le mesurable au détriment de l’aspect relationnel du soin ». Une critique que reprenait Emmanuel Macron en 2018 lorsqu’il promettait de « redonner de la cohérence » à un « hôpital étranglé. »

Étranglé par quoi ? « Par un système devenu comptable », selon le chef de l’État. Jean Castex en 2006 haut fonctionnaire expliquait au Monde que cette bonne réforme nécessitait toutefois un « gros travail de pédagogie. » Il en faudra beaucoup plus (de la pédagogie) au nouveau Premier ministre pour nous faire avaler les couleuvres.

 

17 septembre : la CGT exige une vraie rupture !

Depuis plusieurs mois, le gouvernement monte un évènement autour de son plan de relance de l’économie. Comme envisagé, ce n’est qu’un plan de communication. En annonçant 100 milliards pour la relance de l’économie, pour un pays dont le PIB est … Continuer la lecture

ADMR : vivre, pas survivre !

Ces derniers mois beaucoup d’élu·es et tous les ministres ont découvert l’existence de gens invisibles, bien cachés dans la misère et la souffrance : les aides à domicile.

Ben oui au fait, qui s’occupe de nos vieux et vieilles seuls, isolés et fragiles aux quatre coins de notre beau département où l’on vante d’habitude nos superbes châteaux, notre réserve à pandas, la Sologne des riches enfermés dans leurs propriété et occupés à dépenser le pognon de dingue volés à leurs salarié·es français et étrangers ? Ben oui ! Qui, dès 7 heures le matin jusqu’à 21 heures, court d’un domicile à l’autre pour laver, habiller, coiffer, porter, nourrir et parler à une personne âgée bien souvent seule qui ne peut, pas plus que sa famille bien souvent, se payer une place en maison de retraite et qui attend de l’aide chaque matin, midi et soir, de l’humanité pour continuer à se dire qu’elle existe en vrai chaque jour ? Ben oui ! Ce sont beaucoup de femmes et quelques hommes qui, pour un salaire de misère et des contrats à temps partiel subi, travaillent du matin au soir et du soir au matin à aider celles et ceux qui en ont le plus besoin.

On pourrait se dire que ce métier est tellement utile socialement et humainement qu’il mérite considération, moyens matériels et humains et salaires décents.

Ben non ! En système capitaliste, le pognon c’est aux actionnaires parasites qu’il va, pas à celles et ceux qui répondent aux besoins sociaux. Ben non ! En système capitaliste, du pognon il n’y en a pas pour fournir des protections aux aides à domicile ! Leur direction leur a dit et répété : vous n’êtes pas prioritaires et les masques ça ne sert à rien ! Mais on vous aime bien quand même et, pour le SMIC, le directeur de l’ADMR leur adresse des SMS pour leur dire qu’elles sont formidables et que ce sont les risques du métier.

Depuis la création du syndicat CGT, ces travailleuses ont décidé que ça ne pouvait plus durer ! Derrière leurs représentantes CGT, les « AD » de l’ADMR ont exigé des protections et avec toute la CGT elles ont interpelé les élus et les représentants de l’État pour palier l’incurie et le mépris de leur direction.

Elles ont arraché des protections et elles savent qu’après le respect, par la lutte, elles gagneront du salaire et des droits pour VIVRE ! PAS SURVIVRE !

 

14 février : journée d’action dans la santé

Fixé au cœur des mobilisations contre le projet de réforme des retraites, l’Union Syndicale Départementale CGT a relayé l’appel national et appelé à la grève et à la mobilisation, tous les salarié·es de la Santé et de l’Action Sociale, ce 14 février 2020. A 11H30, un barbecue revendicatif organisé par l’UL de Blois rassemblait déjà plus d’une cinquantaine de personnes devant le Centre Hospitalier de Blois. A 14h, un cortège d’environ 150 personnes empruntait l’avenue Maunoury pour réaliser les 3 actions organisées par les professionnel·les de la santé et de l’action sociale.

Devant le Conseil Départemental, nous avons réclamé « De la dignité pour nos enfants, nos ados et nos ainé·es. »  L’absence de moyens alloués aux services de la protection de l’enfance a plongé les professionnel·les dans une situation de recours accrue à des travailleur·ses précaires, à l’impossibilité de se former et d’être présent·es en nombre suffisant pour répondre aux besoins des enfants et de leurs familles. En matière de protection de l’enfance aujourd’hui, on n’agit plus dans l’intérêt de l’enfant mais on colle des rustines. Dans les EHPAD et les services de soins à domicile, les conditions de travail ne cessent de se détériorer. La plupart des salarié·es n’arrivent pas au bout de leur carrière car usés et cassés avant l’âge de départ à la retraite. La réforme des retraites envisagée par Macron supprimerait la catégorie active pour tous les personnels en leur imposant d’exercer jusqu’à 64 ans, voire plus. Pour marquer notre refus de cette nouvelle mesure d’austérité, nous avons décoré les grilles et la pelouse du Conseil Départemental avec des protections urinaires usagées, jouets et biberons.

Devant la DTARS, nous avons dessiné les contours d’hommes et de femmes étendus sur le sol pour représenter les nombreux suicides des professionnel·les de santé et ceux et celles qui sont mort·es dans l’exercice de leur fonction, comme Elodie, une jeune infirmière de psychiatrie assassinée la veille par un patient. La casse des services publics de santé, menée avec la participation active des ARS, a pour conséquence la dégradation de la qualité des soins et de la sécurité sanitaire, à la fois des personnes soignées comme des soignant·es. L’austérité tue la Santé ! Et pour leur rappeler, ô combien, ils et elles ont du sang sur les mains, nous avons lancé des poches de faux sang sur leurs fenêtres.

Pour finir, nous sommes retournés au Centre Hospitalier de Blois, avec des ballons en forme de cœur, pour déclarer notre Amour à l’hôpital public. Toute la population est utilisatrice des services de santé et donc la dimension interprofessionnelle des revendications et des luttes pour la défense de notre santé publique concerne tout le monde. Elle est indissociable de nos luttes pour défendre la sécurité sociale garante de son financement. L’enjeu c’est la garantie d’accès pour tou·tes aux soins, à la prévention, à des retraites décentes. Le statut public des agent·es est le garant du service rendu à la population, à l’hôpital comme dans le médico-social et les EHPAD. La population est attachée à son système public de santé et à la sécurité sociale, dont elle attend qu’elle garantisse une solution de prise en charge de chaque difficulté de la vie, quels que soient les moyens financiers dont on dispose. Nous continuerons de défendre les principes à l’origine de la création de la sécurité sociale : « chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins ». C’est dans le hall, cœur de l’hôpital, que nous avons accroché nos ballons en forme de cœur avant de dissoudre la mobilisation.

 

Tract unitaire (CGT, FSU, Solidaires, UNSA Santé) – 14 février 2020 : déclarons notre amour à la Sécu !

Nos organisations le dénoncent depuis plus de 10 semaines déjà : le gouvernement mène une guerre sans merci contre tous nos conquis sociaux, notamment ceux qui touchent à la sécurité sociale. Après l’assurance chômage, la solidarité intra et intergénérationnelle de … Continuer la lecture