Retraite, salaire, emploi, protection sociale, mobilisons-nous !

La journée d’action du 10 septembre 2013, à l’occasion de la présentation du nouveau projet de loi de remise en cause des retraites, a rassemblé près de 400 000 manifestants dans toute la France dont 1500 à Blois et montre toute la détermination de la jeunesse, des salariés actifs et retraités à refuser cette nouvelle régression sociale. Ce projet de loi du gouvernement à majorité socialiste s’inscrit dans le prolongement de la politique du gouvernement Fillon-Sarkozy sous le prétexte de la compétitivité des entreprises pour détruire la protection sociale, baisser les salaires et les pensions.

Il conduit à présenter comme une mesure incontournable l’allongement de la durée de cotisation et donc de travail.

La mesure pénalise d’abord les jeunes et les femmes puisque la cotisation nécessaire pour toucher une retraite sans décote progressera à partir de 2020 à raison d’un trimestre tous les trois ans pour atteindre 43 annuités.

Ainsi, les salariés nés en 1973 partiront en retraite a minima en 2035. L’objectif est d’aller à 44 annuités et pourquoi pas 45 pour les jeunes de 20 ans d’aujourd’hui. Quand on sait que l’âge moyen pour trouver un premier emploi stable est de 26-27 ans, faites le calcul : c’est à 72 ans qu’ils devront partir à la retraite pour toucher une pension sans décote.

Cette mesure gouvernementale d’allongement de la durée de cotisation rapporterait 2,7 milliards d’euros en 2030, alors que la satisfaction de la revendication de l’égalité salariale femme/homme apporterait 10 milliards d’euros de recettes supplémentaires en 2020.

La loi sur les retraites, qui a été finalement adoptée par un vote bloqué à l’assemblée le 26 novembre, est totalement à la charge des salariés par l’allongement de la durée de cotisation et par une nouvelle baisse des pensions des retraités avec un décalage du 1er avril au 1er octobre de la revalorisation annuelle.

Le gouvernement Ayrault offre un nouveau cadeau au patronat puisqu’en échange d’une augmentation de la cotisation sociale vieillesse de moins de 5 milliards d’euros, il transfert 35 milliards de cotisations sociales familles vers l’impôt, la CSG, la TVA… exonérant ainsi totalement les entreprises de cotisations sociales familles : une vieille revendication du patronat est donc satisfaite et ce sont encore les salariés qui trinquent et les patrons qui se régalent.

Il faut inverser les choix économiques et politiques en s’attaquant à la finance, à la spéculation boursière, à l’accroissement nocif et parasitaire des profits du capital pour satisfaire les revendications des salariés en termes de salaire, d’emploi et de protection sociale.

Dès aujourd’hui, la CGT du Loir et Cher appelle les salariés et leurs syndicats CGT à construire leurs revendications et la mobilisation pour la journée interprofessionnelle du 6 février 2014 et la journée régionale pour l’accès aux soins du 13 février 2014 à Tours.

 

La retraite : jeunes, la nécessaire mobilisation!

Tract à destination des jeunes salariés

tract_jeunes_retraites_2013

Le gouvernement prévoit :

  • L’augmentation de la cotisation sociale de 0,3%. Sauf que les patrons se verront compenser cette nouvelle « charge » par la diminution des cotisations de la branche famille de la sécurité sociale.
  • Le rallongement du nombre d’années de cotisation jusqu’à 43 ans voire 44 pour les générations nées après 1973.
  • Le maintien des décotes pour les salariés qui partiront avant 67 ans sans avoir obtenu le nombre suffisant d’annuités.
  • L’âge légal de départ à la retraite de 62 ans ne bouge pas mais c’est un leurre. Les jeunes générations seront dans l’obligation de travailler bien plus longtemps, jusqu’à 70 ans, ou de partir à la retraite avec des pensions amputées d’une large part.

C’est pourquoi, avec la CGT, revendiquez :

  • La validation des années d’études et de formation dans le calcul des retraites,
  • La prise en compte des périodes d’apprentissage, de stage et leur juste rémunération,
  • La prise en compte des périodes d’inactivité forcée, périodes où les jeunes cotisent de manière inégale,
  • Le retour à l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans et la diminution du nombre d’années de cotisation,
  • Une retraite minimale de 75% du meilleur salaire brut et au moins à hauteur du SMIC (revendiqué à 1700€),
  • A hausse de l’emploi stable et qualifié,
  • A qualification égale, salaire égal

 

 

La retraite : une affaire de jeunes!

Tract à destination des lycéens sur la question des retraites.

tract_lycéens_retraites_180913

Avec la CGT, revendiquez pour les retraites :

  • La prise en compte des années d’études et de formation dans le calcul des retraites,
  • La prise en compte des stages (rémunérés à leur juste valeur) et des périodes de chômage,
  •  La baisse de nombre d’années de cotisation,
  • Un départ à 60 ans avec 75% du meilleur salaire brut et a minima égal au SMIC (revendiqué à 1700€ ).


Une pension retraite continuation du salaire

Aujourd’hui, la retraite est du salaire puisqu’elle est financée pour l’essentiel à l’occasion de chaque emploi par des cotisations sociales : les cotisations sont du salaire.

Avec la continuation du salaire, il s’agit de considérer le retraité comme un salarié auquel est attachée une qualification. C’est un être producteur de richesses sociales et économiques dont la pension vient reconnaitre le travail libéré de la subordination à un patron. Un travail efficace et pourtant sans emploi et sans employeur.

Les activités des retraités sont, contrairement à l’image véhiculée d’inactifs qui seraient un coût pour la société, un travail libéré de la contrainte du capital, utile par son caractère familial, social, associatif, politique ou culturel…La qualification acquise du retraité est sollicitée dans ce nouveau temps de travail dont il dispose comme il veut.

Un salaire à vie?

La pension, comme salaire continué des retraités, transforme en travail toutes leurs activités utiles : un retraité, touchant une telle pension, qui joue avec ses petits enfants, travaille.

La solidarité que promeut la retraite comme salaire continué nous renvoie à un statut de retraité salarié. Il s’agit d’une solidarité salariale interprofessionnelle, ciment du lien social, une solidarité entre égaux où la qualification prime. La qualification ne serait plus seulement reconnue durant notre période d’activité professionnelle. Elle perdurerait par le versement d’une pension retraite à la hauteur de notre dernier et meilleur salaire net au regard de la qualification acquise.

Un tel concept exige que la reconnaissance salariale des qualifications soit le principe universel de la grille des salaires.

Le salaire est l’enjeu décisif de la lutte dans notre société capitaliste. La CGT revendique une augmentation générale des salaires de l’ordre de 300 à 400 euros, un salaire basé sur la reconnaissance universelle de la qualification.

La CGT propose d’instaurer une sécurité sociale professionnelle dans le cadre d’un nouveau statut du travail salarié. Quels que soient le poste, l’entreprise, l’établissement, l’administration ou encore la situation dans le travail : maladie, formation, chômage, le versement du salaire serait maintenu au regard de la qualification de la personne et ce dès l’âge de 18 ans.

Ce salaire universel serait la reconnaissance de la qualification donc de la capacité de chacune et chacun à contribuer à la définition de la valeur économique et donc à la production de cette dernière. Il assurerait à tous le principe de « A qualification égale, salaire égal ».

Il en serait fini de la mise en concurrence des salariés par le coût du salaire ; il en serait fini de la discrimination, sexiste ou de par l’appartenance à une grosse entreprise ou à une très petite entreprise, par les salaires.

Sur la base de l’expérience massive et réussie de la sécurité sociale, via les cotisations, les entreprises ne paieraient plus directement les salaires mais cotiseraient à une caisse de recouvrement des salaires. Le versement du salaire aux salariés serait effectué et garanti à vie par cette « caisse salaire ». Ainsi il ne dépendrait plus des capacités et des aléas des entreprises ou de la vie professionnelle des individus.

Au cours de sa carrière, le salarié améliorerait sa qualification par la promotion professionnelle, la formation professionnelle continue, la reconnaissance et la validation des acquis de l’expérience. Cette qualification et ce salaire ne pourraient que progresser en parallèle de la qualification (avec un plafond de 4 fois le salaire de départ pour une progression à l’ancienneté dans un même niveau de qualification).

Si l’âge de majorité est requis pour acquérir une qualification, l’âge de départ à la retraite, garanti à tous à 60 ans voire à 55 ans, permettrait de se consacrer à un travail librement choisi ou au repos, aux loisirs avec une pension retraite acquise au regard de sa qualification sous forme d’un salaire continué.

En revendiquant une retraite à 75% du meilleur salaire brut, soit 100% du salaire net avec une pension minimale égale au SMIC, la CGT ouvre la voie de la conquête de ce salaire continué par les luttes à construire en passant par la journée nationale interprofessionnelle de manifestations et de grève du 10 septembre 2013.

Retraites : ce que revendique la CGT

Plus que jamais, il est possible de maintenir et renforcer notre système de retraite solidaire par répartition.

Pour cela, il suffit de reprendre sur les profits colossaux accaparés par une minorité, la part des richesses créées par le travail que l’on doit consacrer à la réponse aux besoins des salariés, au progrès social.

Pour cela, la CGT revendique…

  • une véritable augmentation générale des salaires, retraites et minimas sociaux de 300 à 400 euros,
  • le développement de l’emploi stable et qualifié, à temps plein, notamment par la réindustrialisation de notre département, la relocalisation des productions, l’investissement dans la recherche et le développement, l’innovation,
  • l’arrêt des exonérations des cotisations sociales patronales,
  • l’augmentation du taux de cotisation sociale patronale pour répondre aux besoins de notre protection sociale.

…Afin d’assurer

  • le renforcement de notre système solidaire par répartition,
  • un départ à la retraite à taux plein, au plus tard à 60 ans pour descendre progressivement à 55 ans et dès 50 ans pour les travaux pénibles,
  • 37,5 ans de cotisations avec la prise en compte des années d’études et d’inactivité forcée, dès 18 ans,
  • une pension de 75% du meilleur salaire brut,
  • une pension minimum égale au SMIC, revalorisée sur la moyenne des salaires et non sur les prix.

 

Retraite : le modèle suédois

Le compte retraite individuel

Chaque cotisant possède un compte individuel qu’il alimente par des cotisations dont le taux est imposé. Chaque année, l’Etat envoie à chaque actif un état de situation. C’est « l’enveloppe orange » qui précise à chacun le montant de sa future pension. Suivant l’âge effectif de départ, la retraite est égale au capital de cotisations accumulées, divisée par l’espérance de vie de la génération de l’assuré.

Chacun fait un calcul : plus on part tôt et plus la pension est faible. La notion d’âge légal à disparu, celle de « décote » est généralisée. En suède, l’âge moyen de départ en retraite est de 65 ans, qui est l’âge d’obtention du minimum vieillesse. Pour espérer mieux, l’actif suédois doit souscrire à une retraite par capitalisation.

Le système suédois actuellement en crise

Dans ce pays où les pensions de reversion ont été supprimées car trop coûteuses, la crise économique a agi sur les automatismes prévus dans le système notionnel : hausse des cotisations imposées aux actifs, pour une moindre accumulation des droits et surtout, conséquence inconcevable en France car jamais pratiquée, une baisse des pensions de retraite déjà liquidées. Les retraites ont baissé en Suède en 2010 (-3%), 2011 (-7%) et une nouvelle baisse était prévue en 2012.

En février 2012, le Premier ministre a proposé que les Suédois travaillent jusqu’à 75 ans. Si l’âge de 65 ans pour toucher le minimum vieillesse ne devrait pas être remis en question, il est envisagé d’indexer l’âge d’ouverture des droits (61 ans) sur les gains d’espérance de vie.

Dans le système suédois, le compte est individuel mais le régime est quand même géré en répartition. Les pensions touchées par les retraités d’aujourd’hui sont versées par les actifs. Mais ce système par répartition est géré comme s’il s’agissait d’un plan d’épargne individuel administré par une banque. Dans ce système, il n’y a aucune solidarité intergénérationnelle.