Édito mars 2021

Le patronat a aujourd’hui tout intérêt à ce qu’on ne sorte pas trop vite de la crise sanitaire, que les grands groupes utilisent comme paravent pour restructurer, délocaliser et mettre sur le dos du Covid la casse industrielle et sociale en cours.

Les travailleur·ses s’appauvrissent, selon qu’ils et elles sont en activité partielle, font l’objet de plan de licenciements, subissent la mobilité forcée, les reculs sur leurs droits. En revanche, les entreprises profitent des 100 milliards d’euros du plan de relance et ont versé 30 milliards de dividendes aux actionnaires en 2020.

Il faut mettre fin aux stratégies patronales financières à court terme d’un capitalisme exsangue, qui n’a pour objectif que de rassurer les marchés.

D’autres choix sont possibles pour une économie au service de l’humain, par le maintien et la création d’activités dans les bassins de vie pour faire travailler les actif·ves là où ils et elles vivent, en réimplantant des services publics de proximité pour la réponse aux besoins des populations (santé, éducation, finances publiques, énergie, transports…) de l’activité paysanne, artisanale et commerçante.

Aujourd’hui les luttes à Técalemit, l’ADMR, chez ITAB, Thiolat, dans la santé, l’énergie, la culture, démontrent la capacité des travailleur·ses à prendre leur destin en main pour se réapproprier les richesses qu’ils et elles produisent.

Salaires, emplois, conditions de travail, services publics, protection sociale, des grandes entreprises aux TPE, dans le privé et la Fonction publique : imposons d’autres choix par la mobilisation et en votant CGT aux élections professionnelles partout où c’est possible !

Sébastien Boulanger

 

Vivre au temps du Covid…

Un témoignage de Jean-Pierre Chopart, militant de l’Union Locale de Romorantin et président de la CFC de l’UD CGT 41.

La pandémie due au Covid-19, apparue en janvier 2020, met en exergue la fragilité actuelle de notre système de santé, sapé et miné depuis plusieurs décennies par le Gouvernement actuel et ses prédécesseurs. Elle met en pleine lumière l’incapacité de nos gouvernant·es d’assurer la santé pour tou·tes les citoyen·nes. Leurs hésitations, leur incompétence et leur apparent amateurisme devant une telle pandémie nous ont amenés à un désastre humain sur notre population (plus de 95 000 mort·es à ce jour).

En septembre 2020, comme beaucoup de personnes hélas, nous avons, moi et ma compagne, été touchés par le virus. Après avoir été opérée du cœur dans des conditions satisfaisantes, elle a été dirigée sur un centre de rééducation. C’est dans ce centre qu’elle a été testée positive au Covid-19 deux jours avant sa sortie.

Néanmoins, elle a été autorisée à rentrer au domicile sous condition d’un isolement forcé de 10 jours. Le résultat ne s’est pas fait attendre : plus d’un mois d’hôpital avec réanimation et séjours multiples dans les établissements hospitaliers du département (Romorantin / Blois / Lamotte-Beuvron).

En ce qui me concerne, testé en laboratoire et reconnu cas contact le 23 octobre 2020, le résultat m’est communiqué par mon médecin traitant le 27 octobre ; il ne me reçoit à son cabinet que le 30 octobre ! S’en est suivi un confinement de trois semaines à mon domicile.

L’antenne de l’ARS de Blois, quant à elle, s’est manifestée ce même 30 octobre, c’est-à-dire à la fin de la « septaine » nécessaire à ce moment en cas de « cas contact », en me donnant comme seul conseil : « Aérez vos pièces au minimum un quart d’heure par jour » ! Mais, à aucun moment, elle ne m’a conseillé utilement pour répondre à mes besoins vitaux nécessaires dans cette situation (seul et confiné pendant 3 semaines).

Ce serait une situation cocasse si derrière cela, il n’y avait pas de victimes. En ce qui nous concerne, ma compagne a perdu ses deux frères en un an de cette pathologie.

Les Agences Régionales de Santé (établissements de l’État) ont été créées en 2010 pour, entre autres, anticiper et gérer les crises sanitaires. Elles se contentent simplement d’égrener tous les jours un tas de chiffres accompagnés de graphiques souvent incomplets ou erronés qui plongent la population dans un climat de plus en plus anxiogène.

Nos hôpitaux et nos soignant·es, dévoués mais à bout de souffle par manque de moyens, font face à cette pandémie tous les jours depuis plus d’un an.

Malgré cette situation inquiétante, les politiques  gouvernementales continuent à fermer des services  hospitaliers et des lits dans le but de « privatiser » la Santé et faire d’hypothétiques économies.

A cette situation sanitaire s’ajoute la situation économique catastrophique générée par l’idéologie mortifère de nos dirigeant·es. Beaucoup d’entreprises locales profitent de la situation sanitaire pour réorganiser, arrêter des productions afin de les délocaliser ou supprimer des emplois, ce qui aggrave une situation déjà précaire sur notre bassin d’emplois du Romorantinais.

D’autre part, notre jeune génération, déjà sacrifiée, est précarisée, et nos libertés individuelles si durement acquises nous sont spoliées.

Les mensonges du gouvernement (d’abord sur les masques et maintenant sur les vaccins) n’augurent rien de bon pour l’avenir, et il devient urgent d’arrêter cette hécatombe sanitaire et sociale. C’est en se mobilisant davantage et chaque fois plus nombreux et nombreuses pour revendiquer notre droit à la santé et au travail, entre autres, que nous pourrons y arriver. Notre syndicat s’y emploie et s’emploiera toujours à défendre les salarié·es, les personnels soignants, les jeunes et les retraité·es qui ont tou·tes subi violemment les conséquences de l’incurie du gouvernement.

Il nous faut très rapidement nous réapproprier le droit à la santé et au travail avant qu’il ne nous reste plus que le droit de mourir !

 

Non aux lois liberticides !

Le gouvernement développe un arsenal répressif et autoritaire qui remet en cause nos libertés fondamentales. Il profite de l’état d’urgence sanitaire qui confie à l’exécutif des pouvoirs exceptionnels pour faire passer des lois et promulguer des textes portant atteinte à nos libertés et droits sociaux. Face aux licenciements, à la croissance des inégalités, à l’explosion de la pauvreté, au démantèlement des services publics, le gouvernement se dote des moyens de surveiller et réprimer la contestation et les luttes sociales. Depuis le 16 mars, la loi « sécurité globale » est étudiée au Sénat et ensuite suivra la loi « confortant les principes de la République » autrefois nommée loi « contre le séparatisme ».

Alors que des milliers de citoyen·nes ont manifesté dans la rue leur opposition à la loi sécurité globale, que la CNCDH et le Défenseur des Droits se prononcent contre, que l’ONU rappelle la France à l’ordre quant aux atteintes aux droits humains qu’instaurerait cette loi, le gouvernement persiste dans l’offensive sécuritaire ! En décembre sont parus des décrets élargissant les possibilités de fichage avec la collecte d’informations sur les « opinions » politiques, des « convictions » philosophiques, religieuses, une « appartenance » syndicale, les « habitudes de vie » ou encore l’activité sur les réseaux sociaux. Les décrets prévoient que les données collectées concernent notamment les photographies de la personne concernée.

Le gouvernement avait déjà publié, le 17 septembre, un nouveau schéma national de maintien de l’ordre (SNMO) entérinant l’utilisation des LBD 40, des grenades de désencerclement et la technique de la nasse. Parmi les mesures du schéma, lors des manifs, la mise en place d’une accréditation « auprès des autorités » pour les journalistes « titulaires d’une carte de presse » : bref, un tri parmi les journalistes qui couvrent les manifestations. Pire encore, ils et elles commettraient un délit en cas de non-dispersion après des sommations. Faut-il rappeler que sans présence de journalistes dans les manifs, les violences policières seraient restées invisibles aux yeux de la société ?

Pour information, le Ministère de l’Intérieur vient de publier un appel d’offre pour « la fourniture de munitions cinétiques de défense unique (MDU) de calibre 40 au profit des forces de la sécurité intérieure ». Ouvert jusqu’au 22 avril, cet appel concerne 160 000 munitions de défense unique et 10 000 « munitions de défense marquante visible ». 170 000 munitions pour les lanceurs de balles de défense (LBD), classés comme « arme de guerre » dans la réglementation internationale ! Bienvenue en Macronie et dans son « dialogue social » !

La loi de sécurité globale instaure le transfert de compétences régaliennes aux policier·es municipaux et aux agent·es de sécurité privée ; l’équipement en vidéo surveillance généralisé, y compris avec des caméras sur les drones ; l’enregistrement des images en simultané et leur traitement automatisé pour reconnaissance faciale en temps réel des manifestant·es. Ce couplage « vidéosurveillance/reconnaissance faciale » entraînerait une capacité de surveillance généralisée de l’espace public, ne laissant plus de place au respect du droit à la vie privée, aboutissant à un effet coercitif sur la liberté d’expression et de manifestation.

C’est aussi l’interdiction de diffusion des images du visage des forces de l’ordre dans l’exercice de leur fonction. Attaque frontale du droit de presse comme du droit au contrôle citoyen des agissements des forces de police qui aggraverait le sentiment d’impunité des policier·es violents avec le risque de multiplier les violences commises illégalement contre des manifestant·es.

Ce tournant sécuritaire et autoritaire est inacceptable et remet en cause gravement nos libertés fondamentales (libertés d’expression, d’informer, de manifester). Avec la loi confortant les principes républicains (séparatisme), il est le pendant de la politique néolibérale du gouvernement et des lois qui restreignent les droits des organisations syndicales et des salarié·es à se défendre dans les entreprises, les établissements et les services comme les Lois Travail, les ordonnances Macron, la Loi de transformation de la Fonction publique.

Il est donc impératif de continuer de combattre différentes lois afin qu’elles ne soient pas adoptées ou qu’elles soient abrogées !

 

25 novembre : violences sexistes et sexuelles, la lutte continue 

Comme tous les ans, et même si la période de confinement n’a pas permis d’organiser un rassemblement, le 25 novembre a été l’occasion pour la CGT 41 de s’exprimer contre les violences sexistes et sexuelles à l’encontre des femmes, dans ou hors travail.

Depuis de nombreuses années déjà, les luttes en France comme à l’international ont permis de rendre visibles les violences systémiques contre les femmes et les minorités sexuelles et d’empêcher le recul de droits fondamentaux. A l’instar de l’IVG que les milieux réactionnaires rêvent de voir disparaître comme en Pologne avec un nouveau projet de loi, mis à mal par des centaines de milliers de manifestant·es, et aux USA avec la nomination d’une juge ultra-conservatrice à la Cour suprême, dernier acte démagogique de Trump.

Nous ne pouvons nous satisfaire de cette situation. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, en France, déjà plus de 89 femmes sont décédées en 2020, sous les coups de leur (ex-)conjoint et l’année dernière les féminicides ont atteint le nombre de 149. Les violences intrafamiliales n’ont pas diminué et les droits des femmes à disposer de leur corps et de leur vie sont toujours remis en question, les idées conservatrices progressent.

Les violences faites aux femmes nécessitent une réponse forte, particulièrement dans cette période de crise sanitaire où la pression augmente sur les femmes, au travail comme à leur domicile. Les périodes de confinement ont démontré que les trop rares aménagements adoptés par les pouvoirs publics sont très insuffisants d’autant plus dans la période actuelle qui renforce l’isolement des cellules familiales où se produisent la très grande majorité des violences.

Au travail, les femmes surreprésentées dans les métiers dits «utiles » ou essentiels sont surexploitées depuis le début de la crise sanitaire avec comme seule contrepartie une vague reconnaissance symbolique sans aucune avancée en termes de revalorisation salariale.

La CGT 41 porte des revendications pour améliorer les conditions de vie et de travail des femmes :

  • la mise en place de sanctions pour toutes les entreprises qui n’ont pas de plan de prévention efficient et l’obligation de négocier sur le sujet.
  • Des droits pour protéger les victimes de violences conjugales: interdiction de licenciement, droit à absences rémunérées pour faire ses démarches, droit à la mobilité géographique et fonctionnelle.
  • Des droits pour que les salarié·es présents dans des entreprises sans syndicat puissent être défendus et accompagnés face aux violences sexistes et sexuelles.
  • L’obligation de formation des professionnel·les, RH, manageur·ses, IRP et de sensibilisation de tous les salarié·es.
  • Le soutien aux associations qui agissent en faveur des droits des femmes et des minorités sexuelles.
  • L’arrêt de la complaisance envers les agresseurs, y compris au sein des instances dirigeantes.
  • L’augmentation générale des salaires et la reconnaissance de qualifications professionnelles de haut niveau pour les salarié·es et agent·es publics des secteurs de la santé, du médico-social, du social, du commerce, des services à la personne, de la petite enfance, de l’éducation. Secteurs très largement féminisés, sous-payés et sous-qualifiés.
  • La non-privatisation du 39-19, numéro d’appel d’urgence pour les femmes victimes de violences.

Elisabeth Borne « a demandé que le processus de ratification de la convention de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) sur la violence et le harcèlement au travail puisse être accéléré. » Cela signifie que la pression que la CGT a exercée sur le gouvernement en revendiquant systématiquement la ratification de la convention 190 porte ses fruits. En élargissant le champ de la responsabilité de l’employeur·se lors des violences sexistes et sexuelles et si elle crée des droits nouveaux cette ratification va modifier le droit français en profondeur et mieux protéger les femmes contre ces violences insupportables.