Le droit du travail d’exception mis en place par le gouvernement pendant la crise sanitaire acte de nouveaux reculs sociaux pour les travailleurs et travailleuses.
La pandémie de Covid-19 a fait irruption dans la vie des nations et des peuples comme une déflagration qui a permis aux gouvernements de balayer les droits et libertés publiques bien plus vite que n’importe quel coup d’État.
Soi-disant sur fond de trêve sociale avec la suspension des réformes de l’assurance chômage et de la retraite par points et passée la sidération initiale, nous nous sommes vite aperçus que les choix faits par le gouvernement en matière de droit du travail sont loin d’être dictés par les seules nécessités liées à la lutte indispensable contre la pandémie.
Le chef de l’État et le gouvernement n’ont cessé de le répéter durant toute la crise sanitaire, la priorité est de préserver l’économie. Et les mesures prises ne souffrent d’aucun doute sur le fait qu’il faille sauver l’économie, les profits des grands groupes et les dividendes des actionnaires. En témoignent les aides de l’État aux entreprises, quelle que soit leur forme, report ou suppression des cotisations sociales, des charges fiscales, aides sous formes de prêts ou garanties d’emprunts, activité partielle financée par les fonds publics.
De ce fait, le gouvernement permet aux employeur·ses de recourir largement à l’activité partielle, sans coût pour l’entreprise, le/la salarié·e supportant seul·e la diminution de sa rémunération.
Les ordonnances issues de l’état d’urgence sanitaire emportent, une fois de plus avec elles, les droits des travailleur·ses, acquis de haute lutte par les générations passées, balayant ainsi la durée hebdomadaire du temps de travail, le repos quotidien ou hebdomadaire, les congés annuels, RTT, en donnant aux entreprises la possibilité d’y déroger par des accords locaux.
Pas de répit, pas de repos pour les détenteur·trices du capitalisme, toujours à l’affut pendant la crise sanitaire. Le ton est donné, on sait déjà qui sera appelé à payer l’addition.
En utilisant toujours les mêmes ressorts, appliquant la feuille de route du MEDEF, Macron et son gouvernement sont bien loin des jours heureux. Malgré l’utilisation de la rhétorique du Conseil National de la Résistance, ils ne dupent personne sur leur intention de continuer à promouvoir le modèle capitaliste mondialisé.
Avec la reprise de l’école, l’enjeu est bien celui de la reprise du travail des salarié·es au détriment de la santé des enfants et de leurs familles et surtout de l’ensemble des personnels de l’Éducation quand on voit la médiocrité, et la pénurie parfois, des matériels de protection fournis par l’État.
Aujourd’hui les grands groupes volent au secours les uns des autres à coûts de centaines de millions d’euros, non sans arrières pensées, tandis que de très nombreux salarié·es précaires s’enfoncent dans la pauvreté, tout juste soutenus au plan alimentaire et social par les associations caritatives et les services sociaux.
Dans les entreprises, les modalités de reprise doivent garantir la santé des salarié·es, mais aussi le maintien de l’emploi : en Loir-et-Cher, de nombreux secteurs comme les sous-traitant·es de l’automobile, l’aéronautique, le tourisme, l’hôtellerie, la restauration ou encore le spectacle sont sinistrés et les premier·es à payer le tribut ne sont pas les actionnaires mais les salarié·es, les intérimaires et les travailleurs et travailleuses précaires. Nous ne pouvons l’accepter, et revendiquons de l’État que tout soit mis en œuvre pour interdire tout licenciement économique. Alors que des dizaines de millions d’euros sont déversés au titre des aides de l’État et de l’Europe, nous refusons également les annulations de cotisations sociales et la ponction de jours de congés et de RTT.
A l’inverse du pacte régional signé entre les organisations syndicales réformistes, les chambres consulaires et le patronat, ou de toute forme d’union sacrée, l’UD CGT 41 revendique dans l’immédiat :
- le respect des libertés démocratiques menacées entre autres par la mise en œuvre envisagée de « Stop COVID ». Nous refusons de voir les libertés publiques, tant individuelles que collectives, réduites sous prétexte de crise sanitaire, nous refusons l’interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes dès lors que les conditions sanitaires sont remplies ;
- les moyens en masques « FFP2 » ou a minima « chirurgicaux », du gel, des lingettes et des désinfectants et toute protection individuelle nécessaire et spécifique à l’activité des entreprises et administrations pour toutes et tous ;
- la gratuité des protections (masques, gel…) pour toute la population ;
- l’interdiction des licenciements et des versements de dividendes ;
- le contrôle des aides aux entreprises ;
- la prise en charge du chômage partiel à hauteur de 100 % du salaire net ;
- l’abrogation immédiate des ordonnances qui ont permis de déroger pendant la crise au droit des travailleurs et travailleuses ;
- le maintien des dispositifs en ASA pour les personnes à risque (ou vivant avec une personne à risque) et pour la garde d’enfants puisque le retour à l’école se fait sur la base du volontariat.
Mais aussi :
- la réduction du temps de travail à 32 heures ;
- une sécurité sociale financée par les cotisations et l’abrogation de la CSG et de la CRDS ;
- la couverture santé prise en charge à 100 % par la sécurité sociale ;
- la retraite à 60 ans et 55 ans pour les métiers pénibles ;
- des services publics de proximité et la création d’emplois statutaires pour la réponse aux besoins de la population ;
- un service public de santé et d’action sociale ;
- une réforme de la fiscalité ;
- l’abandon des réformes des retraites, de l’assurance chômage et de la transformation de la Fonction publique.
Voilà le monde d’après que la CGT porte dans ses revendications !